Vie communautaire et thérapie psychospirituelle

Avec son mari et ses deux enfants, Myriam a appartenu à la communauté des Béatitudes durant trois ans. Ce mouvement attire de nouveaux adeptes en proposant une thérapie psychospirituelle. Myriam, infirmière en psychiatrie à été séduite par cette proposition jusqu’à ce qu’elle réalise à quel point cette pratique l’a isolée de sa famille.

Née dans une famille chrétienne, l’idée d’allier spiritualité et psychologie l’a rapidement séduite. Selon le « berger » chargé de l’enseignement de la thérapie psychospirituelle, nous ne recevons pas tout l’amour que nous attendons ce qui provoque en chacun des blessures. « Plus vous vous rapprochez de Dieu dont l’amour est infini, mieux vous guérissez ».
L’ambiance chaleureuse qui régnait durant les séances de formation, a incité Myriam et son mari à tout quitter pour venir s’installer dans la communauté. Mais les limites de la thérapie se sont rapidement fait sentir. Sa famille a dû encaisser toutes sortes de reproches, de « remarques malveillantes, voire tordues ». La pratique est d’autant plus dangereuse, que chacun peut devenir « thérapeute » du jour au lendemain.

La vie dans la communauté n’était pas plus facile. Myriam préparait des repas pour soixante personnes à partir de denrées périmées ou provenant de banques alimentaires. Il fallait constamment s’adapter et supporter le fonctionnement infantilisant des responsables, demander la permission pour tout : téléphoner, acheter des vêtements ou de la nourriture non périmée pour les enfants. Tout désaccord était considéré comme une façon d’aller à l’encontre de la volonté de Dieu. Mais chacun a été persuadé que plus les situations étaient difficiles, plus il répondait à l’appel de Dieu. Leur égo s’en trouvait renforcé car ils faisaient des sacrifices que les autres de « dehors » ne faisaient pas.

Trois ans plus tard, totalement épuisés, Myriam et son mari décident de quitter la communauté. Dehors, ils se sont retrouvés sans ressource.
Souffrant de terribles angoisses, Myriam travaille aujourd’hui avec un statut de travailleur handicapé. Elle développe son esprit critique afin de se protéger et d’être en mesure d’effectuer de bons choix pour elle et pour la société.

Serge Blisko, président de la Miviludes (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires) explique que « prier pour se soigner, ce n’est pas suivre une psychothérapie ». Il rappelle que ces praticiens « usent de séduction », « ils flattent les personnes en leur disant qu’elles ont un potentiel énorme qui demande à être révélé ».

(Source : Santé Magazine, Oriane Dioux, avril 2016)