Mission divine mais fatale

John Allen Chau a été tué en tentant de s’introduire dans une tribu indienne, alors qu’il en était chassé, pour diffuser sa foi évangélique. Jusqu’où ces missionnaires évangéliques sont-ils prêts à aller pour accomplir leur mission divine ?


440 000 évangéliques missionnaires ont parcouru le monde en 2018 pour diffuser leur foi. Kathryn Long, experte de l’histoire du christianisme américain et professeur au Wheaton College, les appelle les « preneurs de risques pour Dieu ». Avant John Allen Chau, Jim Elliot est décédé en 1956 en tentant d’évangéliser une tribu équatorienne. Leur confiance extrême en Dieu leur fait prendre des risques inconsidéré, ils ne sont plus en mesure d’évaluer la dangerosité de leurs actes.

« Ces preneurs de risques pour Dieu ne sont pas des imbéciles ou des colonialistes téméraires, explique Kathryn Long, c’est bien plus compliqué que cela ».

Pam Arlund, coach d’entrainement des jeunes missionnaires auxquels appartenait John A. Chau, assure qu’elle offre à ces jeunes la formation nécessaire pour accomplir leur mission. « John n’était ni téméraire ni imprudent », dit-elle « mais il est parti en étant conscient qu’il pouvait perdre la vie ».

Selon d’anciens missionnaires, la prise de risque ne relève pas vraiment de l’inconscience. Corey Pigg, l’un d’eux, a parcouru la Chine à la tête d’un groupe de jeunes missionnaires. C’est sciemment qu’il a choisi ce pays fermé aux autres croyances : les difficultés qu’il rencontrerait anoblissaient sa mission. Il se souvient avoir souvent entraîné son groupe dans des situations illégales et périlleuses. Chaque conséquence de leurs actes délictueux servait son discours de glorification de ceux qui sont persécutés au nom de leur foi.

(Source : New York Times, 02.12.2018)