L’éducation au sein d’OKC

Avec les témoignages de deux ex-adeptes, Vice est revenu sur l’emprise exercée par Robert Spatz, leader d’Ogyen Kuzant Chöling (OKC). Leurs récits apportent aussi un éclairage sur le déroulement du procès qui devrait connaitre un nouveau dénouement le 22 mai 2019.

Fondé dans les années 1970 à Bruxelles par Robert Spatz, le Centre d’étude tibétaines Ogyen Kunzang Chöling attire de nombreuses personnes férues d’ésotérisme et séduites par le bouddhisme. Les adeptes effectuent des voyages spirituels et travaillent pour l’épicerie et le restaurant végétarien de la communauté à Bruxelles.

De nombreux enfants – dont les deux témoins Ricardo et Sophie – sont nés au sein du groupe. C’est Robert Spatz qui choisit des prénoms tibétains pour les enfants du groupe. Entre 1980 et 2005, les enfants des fidèles sont envoyés dans le sud de la France au Château-de-Soleils afin de recevoir une éducation aux principes bouddhistes loin de leur famille. Le gourou manipule l’éducation pour formater les jeunes enfants et affirmer son emprise. Robert Spatz bien que peu présent physiquement au château est pourtant omniprésent. Les enfants pensent à lui au réveil, avant de dormir ou quand ils ont peur ; il y a des portraits de lui partout. Le bouddhisme enseigné est centralisé sur le gourou. Les enfants subissent les caprices et la barbarie des éducateurs qui les battent1, leur imposent des séances de course à pied et les privent de nourriture. En 1993, 23 enfants considérés comme l’élite sont envoyés dans un monastère au Portugal pour se préparer à affronter l’apocalypse. Ils y apprennent le karaté et prient. Tous ont l’obligation d’être vierge sous peine d’être renvoyé.

De leur côté, les parents travaillent dans les commerces du groupe sans être ni payés ni déclarés. Selon Robert Spatz ce travail participe à leur salut. Après leur éducation au sein du groupe, les deux témoins iront eux aussi travailler pour l’organisation. Progressivement ils prendront du recul sur le groupe avant de le quitter définitivement.

Repères judiciaires

C’est à partir de 1997, que les premiers témoignages accusent le leader de la communauté d’abus sexuels mais aussi d’avoir encouragé des violences sur les enfants d’adeptes. La famille d’un adepte porte plainte et des perquisitions ont lieu en France et en Belgique.

En 2008, une victime abusée sexuellement par le gourou témoigne. Onze autres ont témoigné depuis d’abus alors qu’elles étaient mineures.

En 2016, elles se constituent partie civile et rejoignent les premières plaintes de 1997.

En première instance le gourou et ses adeptes démentent les abus physiques et sexuels. Condamnés ils font appel contre des indemnités à verser et des quatre ans d’emprisonnement à l’encontre de Robert Spatz.

En octobre 2018, la Cour d’appel de Bruxelles juge irrecevables les poursuites du fait d’irrégularités pendant la procédure et l’enquête.

Le 13 mars 2019 devant la Cour de cassation l’avocat général donne un avis favorable pour les victimes d’OKC.

Sa décision finale devrait être rendue le 22 mai 2019 et pourrait clôturer ce chapitre judiciaire.

(Source : Vice, 26.03.2019)

1. Un éducateur ayant commis des violences s’est suicidé quelques jours avant le procès en 2016.