L’impact du confinement sur l’emprise sectaire

La Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) ainsi que les associations d’aide aux victimes d’emprise sectaire s’inquiètent de la recrudescence du phénomène sectaire en cette nouvelle période de confinement. Internet semble jouer un rôle prépondérant dans cette progression du phénomène.

Le reconfinement décrété à la fin du mois d’octobre force les groupes sectaires à être moins présents sur le terrain. Afin de pallier le manque de relations directes les mouvements sectaires ont modifié leurs stratégies et accru leur offre et leur présence en ligne. La Miviludes constate une hausse des signalements et des cas d’emprise sans qu’aucun contact physique n’ait pu avoir lieu. Les associations d’aide aux victimes font écho d’une tendance similaire.

Annie Guibert, présidente du Centre Contre les Manipulations Mentales (CCMM) rappelle que cette période est propice à un isolement social, à une perte de repères et à la naissance de peurs irrationnelles qui sont exploitables et exploitées par des gourous. La situation actuelle peut générer une vulnérabilité chez des personnes qui vont notamment chercher à rompre l’isolement par l’intermédiaire des réseaux sociaux et y rencontrer des gourous apportant réponses et promesses miraculeuses à leurs incertitudes. Les gourous vont proposer des consultations personnalisées, des webinaires et des formations payantes en ligne. Les nouvelles recrues font bien souvent l’objet d’une grande attention de la part du gourou mais petit à petit les sollicitations, notamment financières, croissent.

De son côté le psychiatre Serge Hefez constate que les gourous proposent aussi un accompagnement spirituel qui va ritualiser et rythmer la vie quotidienne chamboulée par le confinement. Il a pu observer que les jeunes sont l’une des cibles principales durant cette période de confinement qui entraine chez eux beaucoup de questionnements et de craintes sur leur avenir. Pour Serge Hefez ils « vont chercher un radicalisme religieux face à une angoisse existentielle ». Son service de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière a connu une forte hausse des consultations pour des problèmes de dérives sectaires et de radicalisation.

(Source : Le Figaro, 19.11.2020)

 

  • Auteur : Unadfi