États-Unis / Elles quittent l’« Église de la haine »


Megan et Grace Phelps-Roper ont fui l’église baptiste de Westboro au Kansas. Fondée par leur grand-père, le pasteur Fred Phelps, cette communauté est mondialement connue pour ses positions homophobes.

Fréquentant l’école publique la journée, ces deux sœurs âgées de 27 et 21 ans, brandissaient le soir et le week-end des pancartes aux slogans sans équivoque : « Dieu hait les gays » ou « Les deux droits des gays : le sida et l’enfer ». Avec son dynamisme et son éloquence, Megan défendait farouchement son église sur les plateaux de télévision : « en incitant les gens à obéir à Dieu, nous voulions leur éviter l’enfer ».

En 2009, elle commence à s’interroger sur la vision manichéenne de sa communauté : « Dans l’église, c’est noir ou blanc, bon ou mauvais, notre vision ou le péché, tout ou rien. Si on adhère pas à un aspect, on n’a plus sa place ». Discrètement, elle fait part de ses doutes à sa sœur.

Puis vient le moment de la prise de conscience. Les deux sœurs réalisent que « certaines personnes n’étaient pas bien traitées. Rien
d’illégal ou de violent, mais des gens que nous aimons énormément sont devenus victimes de ce que nous considérons comme de la cruauté ».

Megan et Grace ont fini par partir et trouver refuge chez d’anciens membres de Westboro. Ils seraient une vingtaine à avoir quitté la communauté au cours des dix dernières années. Grace raconte ses craintes : « nous pensions que nous irions en enfer ». Le plus difficile pour elles est de vivre sans leur famille qui refuse aujourd’hui toute communication avec elles. « Notre famille nous considère comme les pires personnes, dit Megan, car nous avions la vérité et nous l’avons rejetée. » Leur mère a déclaré que « l’éternité était trop longue et l’enfer trop brûlant » pour qu’elle se soucie de ses enfants déserteurs.

Les deux sœurs qui devaient intégrer le cabinet d’avocat familial ne savent plus aujourd’hui ce qu’elles feront de leur vie. Elles envisagent de rencontrer des groupes gay et lesbien.

Source : La Presse, novembre 2013

Que sait-on de Westboro ?

L’église de Wesboro a été fondée en 1955 par Fred Phelps. La première manifestation s’est déroulée en juin 1991 dans un parc habituellement dédié aux rendez-vous des homosexuels. En 1998, Wesboro crée un scandale national en perturbant les funérailles d’un homosexuel battu à mort. En 2007, le père du jeune homme intente un procès contre l’église : la Cour suprême tranchera en faveur de l’église baptiste de Wesboro en 2011 au nom de la liberté d’expression…