Enquête sur les thérapies de conversion

Mardi 26 novembre 2019, Arte a proposé un documentaire sur les thérapies de conversions intitulé « Homothérapies, conversion forcée ».1 Ce documentaire de Bernard Nicolas, écrit avec Jean-Loup Adénor et Timothée De Rauglaudre2, met en lumière des pratiques abusives ayant pour but de modifier l’orientation sexuelle d’une personne et « guérir l’homosexualité ».

Ce programme est le résultat d’une enquête menée en France, en Al­lemagne, en Suisse, en Pologne et aux États-Unis. Il présente les témoignages d’hommes et de femmes ayant vécu des thérapies en vue de renoncer à « leur atti­rance honteuse ». Ces personnes ont souvent suivi ces thérapies sous la pression de leurs parents. Dans le documentaire, on découvre des prêtres, des pasteurs ou encore des psychothérapeutes autoproclamés qui mettent en oeuvre des pratiques aux conséquences désastreuses pour les victimes qui sont en proie à des angoisses, un sentiment de honte et une solitude pouvant les mener jusqu’à la tentative de sui­cide. C’est grâce à des caméras ca­chées que les journalistes ont mu montré la manipulation spirituelle et affective exercée par ces mouve­ments ou individus. Pour Serge Blis­ko, ancien président de la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes), ces sessions sont désta­bilisantes et présentent des risques de décompensation psychiatrique. Elles visent des personnes vulné­rables qui se retrouvent instrumen­talisées par des accompagnateurs abusant de leur fragilité.

Ces « thérapies » auraient une qua­rantaine d’années. En 1976, l’as­sociation évangélique américaine Exodus affirmait avoir le pouvoir de « guérir » l’homosexualité. Présente en France sous le nom de Torrents de vie depuis 1994, l’association évangélique Desert Stream Living Waters, fondée en 1980 par Andrew Cominskey prône une conversion au Christ comprise comme un changement d’orientation sexuelle. Comme Torrents de vie, un grand nombre d’organisations améri­caines se sont répandues dans le monde en bénéficiant d’une dis­crète reconnaissance dans certains milieux chrétiens conservateurs pour lesquels l’homosexualité est perçue comme un péché. Certains mouvements semblent bénéficier d’un soutien officieux de l’Église ca­tholique qui, bien que ne les soute­nant pas, ne les condamne pas non plus.

Face à ces thérapies de conver­sion, une mission d’information sur les pratiques prétendant modifier l’orientation sexuelle ou l’identité de genre d’une personne a été mis en place à l’Assemblée Nationale. De nombreuses victimes de thé­rapies de conversion ont été audi­tionnées. Le 5 novembre 2019, le président et le coordinateur de Tor­rents de vie ont été entendus afin de préciser les ressorts de l’accom­pagnement spirituel proposé aux personnes homosexuelles. Tous deux ont nié pratiquer des théra­pies de conversion mais ont indiqué toutefois « aider à la restauration de l’identité relationnelle et sexuelle » des participants à certains de leurs séminaires. Le groupe se défend de pratiquer toute forme d’exorcisme. Les propos tenus par les dirigeants du groupe semblent contraires à ce que les auteurs du documentaire et du livre Dieu est amour ont observé dans ce mouvement, qui révèle une véritable emprise.

(Sources : CNEWS, 19.11.2019 & La Croix 06.11.2019 & 26.11.2019)

1.Le replay du documentaire est disponible jusqu’au 24.01.2020 : https://www.arte.tv/ fr/videos/086135-000-A/homotherapies-conversion-forcee/

  1. Jean-Loup Adénor et Timothée De Rauglaudre sont les auteurs de Dieu est amour : https://www.unadfi.org/ bibliographie/dieu-est-amour/
  • Auteur : Unadfi