Décès de l’ « homme-dieu » de Puttaparthi

Sathya Sai Baba

Le gourou Sathya Sai Baba est décédé dimanche 24 avril 2011 à l’âge de 85 ans. Il se trouvait depuis plus de trois semaines hospitalisé près de son ashram de Puttaparthi, un village de l’Andhra Pradesh dans le Sud de l’Inde.


La nouvelle de sa mort a pourtant « sonné comme un choc » pour ses fidèles puisque le gourou avait lui-même annoncé qu’il ne mourrait que… onze ans plus tard, soit à l’âge de 96 ans !

Sai Baba était perçu comme un « maître » et un « guide spirituel » par ses fidèles. A 14 ans, il s’était autoproclamé réincarnation de Sai Baba de Shirdi, « un fakir hindou mort en 1918 ». Parmi ses fidèles estimés à… 6 millions, on retrouve des personnages politiques et des personnalités indiennes ou encore de riches adeptes du monde entier, dont l’ancien propriétaire de la chaîne de restaurant Hard Rock Café qui lui a légué une part importante de sa fortune. Sai Baba a pu bâtir un immense empire. Par le biais de sa société – estimée à près de 9 milliards de dollars – le Sathya Sai Central Trust (SSCT), il a financé la construction d’hôpitaux, d’universités, de collèges et alimenté des villages en eau potable dans sa région natale…

Sai Baba n’hésitait pas à utiliser le sensationnel et le surnaturel. Des films le montrent sortant « miraculeusement » des montres et des bijoux de ses manches et de ses mains ou bien encore, produisant une cendre sacrée censée apporter guérison du corps et de l’esprit…
Ces prétendus miracles n’étaient que des tours de magie. Sai Baba sera accusé d’être un charlatan faisant de faux miracles, de fausses guérisons miraculeuses et de fausses résurrections.

Pire : il sera dénoncé par d’anciens adeptes du monde entier pour s’être livré à des abus sexuels sur ses dévots masculins et sur les étudiants de « ses » collèges… Un très grand nombre de témoignages deviendront accessibles sur internet, entraînant des démissions dans différents groupes Sai Baba en Occident et notamment en Suède. L’UNESCO se retirera de tout partenariat avec Sai Baba.

En 2004, un reportage de la BBC « Secret Swami » (voir ci-après) dévoile Sai Baba sous son vrai jour. Il aborde principalement les allégations d’abus sexuels sur la personne d’un jeune américain dont les parents étaient des disciples de Sai Baba. Ce reportage présente également la campagne d’un groupe de rationalistes indiens qui avaient entrepris « de démontrer que les miracles de Sai Baba n’étaient que des tours de prestidigitateur ». Rappelons que, dès les années 1970, des rationalistes, en Inde et à l’étranger, avaient mis le gourou au défi « de faire la preuve qu’il n’était pas un charlatan ». Ce défi n’avait évidemment pas été relevé par Sai Baba.

Enfin, le reportage de la BBC rappelle que l’ambassade américaine à New Delhi avait mis sur son site internet un avertissement destiné aux voyageurs de sexe masculin pour les avertir des risques éventuels d’agressions sexuelles de la part de Sai Baba. Auparavant, un député britannique Tony Colman, avait en 2002, présenté une motion au Parlement britannique demandant clairement que tout citoyen du Royaume-Uni soit dûment averti des risques potentiellement encourus s’il devait se rendre à l’ashram de Sai Baba.

Sai Baba aura toujours bénéficié de protections puissantes dans son pays et il n’aura jamais été inquiété par la justice.

Reportage de la BBC (en français).

| Le mouvement Sathya Sai Baba figurait dans la liste du rapport parlementaire de 1995. |