L’Etat doit-il vacciner les enfants de parents « antivax » ?

Depuis 2016, les cas de rougeole ont augmenté de 30% dans le monde. Une situation intolérable selon Arthur Caplan, éthicien, pour qui l’Etat devrait prendre en charge la vaccination des enfants dont les parents y sont opposés.

Alors que des sites antivaccination publient des messages décrivant la rougeole comme une maladie bénigne voire comme une maladie qui rendrait plus fort et en meilleur santé, des enfants en meurent et parfois de façon atroce. Rick MacDonald, pédiatre, constate que les personnes responsables de ces publications sont de plus en plus rebelles et de plus en plus fourbes à mesure que les épidémies de rougeole se propagent.

Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), les pays sont en train de perdre des décennies de progrès dans la lutte contre la rougeole et autres maladies infantiles aujourd’hui évitables.

Pour Arthur Caplan, directeur fondateur de la division de l’éthique médicale du NYU Langone Medical Center, « chaque enfant a le droit d’être vacciné ». Aux États-Unis et en Europe, des dizaines de milliers d’enfants en sont privés parce que leurs parents détiennent une information erronée.

Au Canada, un enfant sur dix n’est plus vacciné, soit 750 000 jeunes canadiens non-protégés de la diphtérie, de la coqueluche, du tétanos ou de la rougeole.

Quelques pays initient de nouvelles de mesures. En janvier, la France a rendu obligatoire la fréquentation scolaire de huit autres vaccins, ce qui porte à 11 le nombre obligatoire de vaccins. En Australie, les parents opposés à la vaccination de leurs enfants risquent de perdre leurs allocations : « No Jab, No Pay ». Et, en Californie, il y a trois ans, le législateur a abrogé les exemptions de vaccins pour des raisons philosophiques ou religieuses. Arthur Caplan pense que ce type d’exemption devrait être aboli dans tous les Etats, sachant qu’il n’y a d’ailleurs aucune référence aux vaccins dans les textes religieux.

Et pourtant, au Canada, l’Ontario qui autorise ce type d’exemptions, voit leur nombre augmenter. « Une conduite parentale irresponsable mettant en péril le bien-être des enfants ne mérite pas d’accommodement social. » commente l’éthéticien. « Tout enfant non vacciné nuit à un autre enfant et ses parents devraient être tenus comme civilement responsables », a-t-il ajouté.

« Mais le problème que nous avons ici est que vous considérez toute une population d’intérêts supérieurs à ceux des enfants. ». Mais l’intérêt d’une catégorie de la population ne doit pas être contraire à celui des enfants, qui est également l’intérêt général.

(Source : National Post : 24.12.2018)