Les sectes à l’assaut de l’entreprise

Le marché de la formation génère 22 milliards d’euros de flux financier annuel, selon le ministère du Travail, et les organismes prestataires se chiffrent à 45.000.


Les risques de dérapage ont été bien identifiés depuis le milieu des années 1990 mais il aura fallu 2006 pour que tous les acteurs concernés par le sujet « se mobilisent réellement ». Les dérives peuvent être le fait d’un formateur isolé comme cela semble être le cas lors d’un stage longue durée chez Orange. Il y mêlait management, sexualité et psychanalyse, et incitait les participants à des remises en cause « intimes » en public. Les esprits trop critiques étaient, eux, « exclus du stage et se marginalisaient au sein de l’entreprise ».
Des sectes comme la scientologie peuvent se profiler derrière plusieurs sociétés de formation professionnelle telles : Certitude, Key Concept ou Action Academy… Elles emploient les mêmes méthodes que celles développées par la secte. Les clients non avertis peuvent alors tomber de haut.

A la MIVILUDES, Henri-Pierre Debord identifie trois sources d’inquiétude dans ce domaine : « la ponction de fonds pour le financement de réseaux sectaires, l’éventuel détournement d’informations et l’accès à des données personnelles détenues par des entreprises ».
Autre sujet de préoccupations : la pénétration du milieu de la formation professionnelle par les organismes sectaires par le biais du développement personnel. Françoise Chalmeau qui représente le ministère de la santé à la MIVILUDES indique ainsi que les méthodes qui lui sont afférantes sont passées de 80 en 1996 à 200 en 2005. Pour renforcer la vigilance, le ministère du Travail et la MIVILUDES participaient à une journée d’information destinée à l’organisme collecteur de fonds pour la formation, le FONGECIF (Fonds de gestion du congé individuel de formation). Objet de cette journée : les dérives du marché du « mieux-être ». Françoise Chalmeau avertit qu’il y a « enseignement suspect » lorsque le formateur veut « faire de vous un homme nouveau et vous guérir d’un passé responsable de tous les maux »… A noter qu’aujourd’hui, c’est plus sous le visage des coachs que se présentent les nouveaux consultants ou thérapeutes potentiels…

Pour Catherine Picard, présidente de l’UNADFI, en l’état actuel, les mouvements sectaires n’ont plus besoin d’adeptes pour s’enrichir : le marché de la formation professionnelle peut leur suffire.

Source : Le Monde, Jacques Follorou