A l’université Paul Valéry de Montpellier, un master en éducation revendique une approche « quantique ». De quoi laisser pantois les scientifiques et susciter une polémique.
Quantique : le terme s’applique aux particules élémentaires, comme les électrons ou les photons. On peut donc se demander ce que cette notion de physique vient faire dans un diplôme de science de l’éducation, reconnu par l’État. Dénichée par un Youtubeur spécialisé sur ces sujets, la plaquette de ce master tourne sur les réseaux sociaux et agace des scientifiques1 qui ont interpellé publiquement l’université. La responsable de ce master, ouvert en 2011, rétorque avoir « simplement voulu préciser la philosophie dans laquelle s’inscrivent ses cours. Ce master n’est pas quantique mais il s’inspire des dernières recherches sur le cerveau qui démontrent que des effets quantiques surviennent lors des processus neuronaux. Ces mécanismes sont d’ailleurs la base de la pleine conscience, que j’enseigne dans mes cours ». Pour l’enseignante, cette polémique ne serait en fait « qu’une guerre de chapelles ».
Reste qu’associer des phénomènes quantiques avec le monde qui nous entoure est, par essence, trompeur. Cette association se retrouve d’ailleurs bien souvent dans les théories et dérives pseudoscientifiques. En 2021, le mot figurait ainsi dans le rapport de la Miviludes qui expliquait que « ce langage, lorsqu’il est utilisé pour d’autres questions que la science des particules, donne une illusion de sérieux à un contenu imprécis et non exempt d’amateurisme ».
Le master de Montpellier vise aussi à former au « leadership vibratoire », une notion associée à des théories pseudoscientifiques sur les fréquences émotionnelles. Là encore, de fausses interprétations pouvant conduire à des dérives citées par la Miviludes.
La responsable, docteur en neuropsychologie, s’en défend expliquant « utiliser ces notions pour renvoyer vers les compétences plus pragmatiques de son cours comme la gestion émotionnelle en situation professionnelle, l’empathie ou encore la bienveillance ». Un travail qu’elle poursuit lors d’un stage annuel dans un centre bouddhiste, affilié à l’école de Nyingmapa, une branche de la religion axée sur l’ésotérisme et le tantrisme !
Cette approche a fait polémique en interne, plusieurs enseignants ayant fait entendre leur désaccord. « Il ne faudrait pas croire que l’université Paul Valéry est l’antre du complotisme et des sciences parallèles », s’inquiète une source au sein de l’établissement. D’autant plus inquiétant que ni la direction générale de l’enseignement supérieur, ni le Haut conseil de la recherche et de l’enseignement supérieur, l’institution qui évalue la qualité de l’enseignement des universités, ne semblent avoir remis en question ces méthodologies.
1. Parmi eux, le physicien Etienne Klein, le docteur Jérôme Barrière, membre du Conseil scientifique de la société française du cancer, ou encore le chercheur critique Lonni Besançon.
(Source : L’Express : 20.04.2024)
A lire aussi sur le site de l’Unadfi : Guerlain dévoile une nouvelle crème aux propriétés “quantiques” : https://www.unadfi.org/actualites/domaines-dinfiltration/sante-et-bien-etre/pratiques-non-conventionnelles/guerlain-devoile-une-nouvelle-creme-aux-proprietes-quantiques/#more-22073
