Monsieur B, ancien professeur de mathématiques à l’école La Péraudière1, est accusé d’attouchements sexuels sur mineurs par trois anciens élèves de l’établissement.
Tout est parti de la confidence de deux frères à leur mère. En mai 2017, ils lui ont avoué avoir été embrassés par le professeur. Malgré cela, les parents ramènent les deux jeunes pensionnaires dans l’établissement. Mais lorsque la mère apprend de l’une de ses amies que son fils, retiré de l’école depuis 2016, a lui aussi été victime des assauts du professeur, elle appelle de directeur de l’école. Bien que ce dernier ait promis de ne plus mettre l’enseignant en contact avec les enfants, les parents retirent leurs fils de La Péraudière.
Le plus choquant pour la famille fut d’apprendre quelques jours plus tard que le professeur avait déjà été visé par la plainte d’un élève victime de faits similaires. L’institution dans laquelle étaient scolarisés les enfants depuis 2014 n’avait rien fait pour l’éloigner les enfants du professeur incriminé.
Lors de cette première affaire, la chambre d’instruction de la cour d’appel de Lyon avait, en 2016, prononcé un non-lieu définitif, jugeant qu’« il n’est nullement établi que B. ait eu conscience de commettre un acte objectivement immoral ou obscène ». Pourtant d’autres extraits du même arrêt rapportent qu’outre le plaignant, quinze autres élèves ont témoigné de faits similaires. L’un d’eux a expliqué : « lorsqu’il prenait sa douche, B. vérifiait qu’il s’était correctement savonné en le touchant avec ses mains, notamment au niveau du sexe. » Un autre raconte que « peu après son arrivée, il lui avait demandé s’il savait comment aller aux toilettes, l’y avait suivi, lui avait enlevé le pantalon et touché les parties génitales ». B. justifie ses actes en expliquant qu’il « aidait les plus petits à se laver et qu’il y avait forcément contact, comme le ferait un parent avec son enfant ».
Cependant, le non-lieu de 2016 n’a pas empêché les deux enfants de porter plainte le 17 juin 2017.
L’ainé des deux enfants se reproche de ne pas avoir parlé plus tôt à ses parents. Mais pour les enfants, il est difficile de se confier. Un médecin de la région raconte : « Quand je compare leur attitude à celle d’autres adolescents que je soigne, je me rends bien compte qu’ils sont totalement sous emprise. D’ailleurs, jamais je n’ai pu rester en tête-à-tête avec eux. Il y a toujours un accompagnant [de l’école] à leur côté. ».
L’ainé de la fratrie se rappelle que le directeur de l’école répétait souvent « tout ce qui se passe à la Péraudière reste à la Péraudière ». L’arrêt de la cour d’appel de Lyon mentionne ainsi que pour empêcher l’école d’être éclaboussée par un scandale, un des élèves avait été exclu pour avoir dénoncé auprès du 119 « les attouchements et violences dont il aurait été victime ».
Depuis le dépôt de leur plainte en juin 2017, une troisième victime s’est jointe à la procédure. Quant à l’ancien directeur de l’établissement, il affirme que les nouvelles plaintes ont été classées sans suite, mais ni le parquet, ni les plaignants ne l’ont confirmé.
(Source : StreetPress, 04.02.2019)
1. La Péraudière est un établissement privé catholique hors contrat situé près de Monrottier (69). Fondé en 1946 par Luce Quenette, il est très proche de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X et des Pères capucins de Morgons. C’est une école pour garçons qui a son équivalent pour les filles en Savoie. Comptant une quarantaine d’élèves, les classes sont peu chargées. L’enseignement est axé sur la littérature et la religion, les enfants doivent prier chaque jour et assister à une messe hebdomadaire, le tout en latin. En dehors des heures de classe, ils pratiquent des activités de plein air et participent aux tâches ménagères. Vivant en internat, ils ne rentrent que toutes les deux semaines chez eux. (Source : Le Progrès, 08.05.2011)
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