Après deux semaines de procès, la cours d’assise de la Roche-sur-Yon a condamné un ancien prêtre de la Fraternité Saint Pie X (FSSPX) à 20 ans d’emprisonnement, dont douze ans de sureté, pour viol et agressions sexuelles sur 27 mineurs. La décision est assortie de dix ans de suivi socio-judiciaire, d’une obligation de soins, de l’interdiction d’entrer en contact avec des mineurs et de se rendre en Charente Maritime ou en Vendée. Son nom a été inscrit au fichier des délinquants sexuels.
Durant 25 ans, de 1995 à 2020, Pierre de Maillard, a abusé de jeunes âgés de 7 à 19 ans en France et en Belgique.
Dès 2003 la mère de Nicolas, l’une des victimes, a dénoncé des attouchements auprès du supérieur du prêtre. Celui-ci ne signale pas les faits à la justice et le prêtre est déplacé en Vendée où il sévira jusqu’à l’ouverture de l’enquête en 2020.
En Vendée, le prêtre avait été désigné pour en remplacer un autre reconnu coupable par la justice canonique d’abus sexuels sur cinq mineurs.
En 2010 la Fraternité aurait été avertie des gestes déplacés du prêtre sur un jeune séminariste. Une enquête canonique lui ayant interdit tout contact avec des jeunes, le prêtre s’est alors tourné vers les enfants des familles de la communauté. Dans l’une d’entre elle « sur sept enfants, six ont été attentés ! », s’indigne Me Lionel Bethune de Moro. Ce n’est qu’après la dénonciation de ces crimes au supérieur du prêtre que la Fraternité saisit la justice. Pendant l’instruction, l’abbé a été déplacé au couvent de Montgardin, une sorte de maison de retraite du mouvement.
Devant la cour, le prêtre ne nie pas les abus, mais conteste les viols aggravés, même s’il semblerait que les violences sexuelles s’élèvent à plusieurs centaines.
L’affaire n’est peut-être pas arrivée à son terme puisque trois nouvelles plaintes auraient été déposées depuis le début du procès.
Au procès les victimes n’étaient pas les seules parties civiles. Affirmant avoir été trompée, la Fraternité s’est elle aussi portée partie civile. Un choc pour les victimes comme Nicolas qui « dénonce une hypocrisie » du groupe qui était au courant selon lui. Si les faits ne sont pas prescrits il envisage de porter plainte pour non-dénonciation de crime. Pour le collectif Agir pour notre Eglise le prêtre « profitait du système ». Un avis partagé par le Collectif des victimes de la FSSPX qui fait « état d’un problème massif, très loin du discours de ‘cas isolés’ que tient la FSSPX. »
L’hypocrisie et la loi du silence de la communauté sont aussi dénoncées par Florence, une mère de famille belge dont le fils a été agressé par un prêtre de l’école privée où il était scolarisé. Elle a dû batailler pour obtenir la condamnation du prêtre à cinq ans de prison car si le supérieur de l’école a bien admis qu’il y avait déjà eu des problèmes, il n’a pas voulu communiquer à la famille d’éléments sur le passé du prêtre, au nom du secret de l’Eglise.
(Sources : Charlie Hebdo, 03.06.2023 & Actu, 14.06.2023)