Dans un ouvrage paru le 10 septembre 2020, Lucas Le Gall(1) raconte sa jeunesse au sein de la Scientologie ainsi que sa fuite du mouvement. Il décrit les mécanismes d’emprise de l’organisation sur les enfants ainsi que ses méthodes de surveillance et de contrôle des adeptes mais aussi des opposants.
De 10 à 18 ans, Lucas Le Gall a grandi au sein de la Scientologie, dans les années 80. Il est entré dans le mouvement car ses parents ainsi que son oncle et sa tante en étaient adeptes. La vie de famille était réglée sur celle de l’organisation et en rupture quasi-totale avec la société. Il a été formé dès ses 10 ans aux principes scientologues conçus et imposés par le fondateur Ron Hubbard. Pour lui, les enfants adeptes sont de la « chair à canon » car très influençables et manipulables du fait que leurs parents sont adeptes et donc complices.
Il gravit les échelons et à l’âge de 15 ans il est repéré par la hiérarchie du mouvement qui l’envoie dans un de ses QG au Danemark. Il y travaille 14 heures par jour avec une pause d’une demi-heure, et subit deshumanisation, travail forcé et torture. Il vit dans la peur de la dénonciation en cas d’écart aux règles du mouvement. A 17 ans, il poursuit son chemin en Scientologie et est promu au siège de l’organisation en Californie. Il a accès à de nombreux documents abordant le traitement des opposants au groupe (espionnage, mise en place de fausses informations, destruction de la réputation). Durant cette période, Lucas Le Gall est privé de soins médicaux et totalement déscolarisé.
Peu à peu il se fait une promesse à lui-même, celle de quitter le groupe à l’âge de 18 ans. Il ment lors d’une évaluation hebdomadaire et est placé à l’isolement sans nourriture et violenté. Il parvient à récupérer son passeport et à voler de l’argent afin de fuir vers Paris. Commence alors pour lui une nouvelle vie où il doit tout apprendre. Sans diplôme, il ne connait pas non plus les codes des personnes de son âge. Ses parents seront par la suite renvoyés de l’organisation, mais dans une interview donnée au Parisien, Lucas Le Gall raconte que sa mère est alors entrée dans une autre secte interdisant les médicaments. Elle décédera d’un cancer sans avoir été soignée.
Aujourd’hui âgé de 53 ans, l’auteur a souhaité que son livre, ainsi que ses différentes interviews, soient anonymes par crainte des représailles du mouvement. Pour l’avoir vu de l’intérieur il sait ce qui peut arriver aux critiques du mouvement. Mû aujourd’hui en lanceur d’alerte vis-à-vis de la Scientologie, il s’inquiète notamment de l’installation d’un grand complexe à Saint-Denis à l’approche des jeux olympiques de 2024(2).
Les références du livre : Un Milliard d’années, dans les secrets de la Scientologie, Lucas Le Gall. Editions du Cherche-Midi. 256 pages.
(Sources : Le Parisien, 09.09.2020 & France Info, 10.09.2020 & Le Monde moderne, 17.09.2020 & Konbini, 29.09.2020)
(1) Pseudonyme
(2) Lire sur le site de l’Unadfi, La Scientologie prend racine en région parisienne : https://www.unadfi.org/groupes-et-mouvances/la-scientologie-prend-racine-en-region-parisienne/
Voir les vidéos des témoignages de Lucas Le Gall :