Un journaliste chez les raëliens : la découverte de la « machine à peur » créée par le gourou

Un reporter du Figaro a infiltré le « stage d’éveil de la conscience » organisé par le mouvement raëlien. Il a rencontré -en visio- Claude Vorilhon alias Rael, le fondateur du groupe, aussi surnommé par ses disciples le « prophète », qui prétend depuis 1973 avoir rencontré les « Elohim » (nos créateurs) en soucoupe volante. Au programme : ésotérisme, conspirationnisme, utopie extraterrestre.

Une semaine au camping du village de la Chaise-Dieu en Haute-Loire. Sobriété requise. Les enseignements sont dispensés par des « guides », l’idée étant d’atteindre la « supra-conscience », « le réveil », « l’éveil de son soi ». Les dîners rassemblent 200 personnes. Une sexothérapeute intervient aussi pour la mise en harmonie avec l’infini. Le deuxième soir tombe l’annonce d’un jeûne sensoriel: on ne mange plus, on ne se parle plus et on arrête de se regarder. Il ne faudrait pas non plus envisager de se laver, se divertir, lire ou utiliser son téléphone. La crudivore avec laquelle l’infiltré partage un bungalow se prête au jeu : « après 21 heures, on ne se parle plus. Si tu me parles je ne répondrai pas ».

Un autre jour, une rencontre exclusive est organisée à distance avec le « prophète » de 75 ans, exilé au Japon sur l’île d’Okinawa. La visioconférence avec celui qui est comparé à Jésus suscite cris, danses, applaudissements dans la salle. Très vite, son discours prend des allures conspirationnistes : le changement climatique est un « mythe » et la variole du singe un « roman ». Bien qu’il regrette le tournant consumériste qu’a pris le bouddhisme, il se sent proche de cette religion et encourage bien entendu méditations et jeûnes.

Après cette heure de discours sur le monde, Claude Vorilhon en a fini. La porte-parole et guide du groupe Princess Loona se charge de la suite. Au menu : des conseils alimentaires, des prescriptions de jeûne pour lutter contre le cancer, ou de la télépathie à entretenir avec les « elohim ». Et pour finir, une chanson sur la dictature sanitaire accompagne un feu d’artifice. Le journaliste aura toutefois surpris -à voix très basse et à l’abri des regards- des conversations de participants remettant en cause Raël ou la hiérarchie au sein du mouvement. Et si « l’information objective » n’existe pas comme a voulu le démontrer un guide raëlien, l’infiltré du Figaro aura cependant cherché à retranscrire le plus fidèlement possible son expérience dans ce monde proche des extraterrestres.  

(Source : Le Figaro, 16.09.2022)

  • Auteur : Unadfi