L’anthropologue Dounia Bouzar a annoncé le lancement du « Centre de prévention contre les dérives sectaires liées à l’islam » (CPDSI). Créé sous forme d’association, le CPDSI a pour but d’aider les familles dont un enfant est attiré par l’islam radical. L’auteure de Désamorcer l’islam radical, ces dérives sectaires qui défigurent l’islam[Editions de L’Atelier, 16/01/2014]( Voir la présentation de son ouvrage sur ce site) est « convaincue d’être face à un phénomène similaire à celui des sectes ».
Avec le CPDSI, Dounia Bouzar entend « fédérer travailleurs sociaux et spécialistes des dérives sectaires pour mieux prévenir les radicalisations ». Son conseil d’administration est composé de personnalités « aux opinions diverses mais désireuses de croiser les regards sur cette cause commune ». Parmi elles, Christophe Caupenne, ancien chef des négociateurs du Raid, Omera Marongui, sociologue de l’islam, Anne Fournier, ancienne conseillère auprès de la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires.
L’anthropologue souhaite également créer des passerelles avec des spécialistes des dérives sectaires. L’UNADFI a été sollicitée et Catherine Picard, sa présidente, pense que le réseau des ADFI peut en effet apporter sa connaissance du processus d’emprise mentale sur des individus vulnérables, et du phénomène de rupture. Elle admet que l’UNADFI manque de recul et d’expertise concernant les particularités liées à l’islam et que les bénévoles des ADFI seront « soulagées de trouver le relai de travailleurs sociaux formés ».
Dounia Bouzar souhaite en effet former des « relais d’accueil, d’écoute et de partage pour les familles ». Le CPDSI a également pour objectif de créer des supports pédagogiques pour « informer et former » : « On aimerait travailler sur les étapes d’endoctrinement (…), faire une prévention efficace et donner des indicateurs d’alerte ». Les premiers relais seront créés en région parisienne et à Rennes, Montbéliard et Grenoble, villes où des travailleurs sociaux ont déjà été formés sur la laïcité et sur ce phénomène. A Rennes, le travail collaboratif entre les bénévoles de l’ADFI et les travailleurs sociaux est déjà prévu.
Dounia Bouzar mise avant tout sur la prévention, « car une fois que le jeune est endoctriné, c’est très difficile de le « déradicaliser ». On a essayé avec des éducateurs, des psychologues, des imams, mais on a beaucoup de mal à les atteindre. Il ne faut pas attendre pour agir. »
Sources : La Croix, Flore Thomasset, 19.02.2014 & France 3 Bretagne, 22.02.2014