Thérapie de conversion : une pratique à risque

En décembre dernier à Boulder (Colorado), Alana Chen, 24 ans, s’est suicidée suite à une thérapie de conversion pratiquée par un révérend thérapeute. On lui avait dit qu’il s’agissait d’un trouble mental qui pouvait être « réparé » et qu’elle pourrait être « sauvée ». Aux États-Unis, les thérapies de conversion, le plus souvent basées sur des croyances religieuses, ont provoqué la mort de plusieurs victimes. Avant sa mort, Alana s’était confiée au Denver Post, déclarant qu’elle avait perdu la foi et que si Dieu existait, il n’avait plus besoin qu’elle lui parle.

Dev Cuny, à l’origine de la campagne Born Perfect cherchant à mettre fin aux thérapies de conversion, a raconté avoir été retenu et manipulé physiquement de manière abusive. Le « guérisseur » lui tenait la tête et hurlait pour chasser les démons.

Un autre a raconté qu’on lui avait soutenu qu’il était une abomination aux yeux de Dieu, qu’il était le seul homosexuel encore en vie car les autres étaient morts du sida. Il a été attaché à une table et forcé de regarder des vidéos érotiques d’hommes pendant que le praticien lui appliquait sur sa peau de la glace, de l’électricité ou de la chaleur.

Rejetés par leurs familles et par une partie de la société, des jeunes se laissent convaincre malgré la violence de ces pratiques. Selon différentes études, 42% des jeunes LGBT ayant subi une thérapie de conversion ont signalé une tentative de suicide au cours de l’année précédente ; la part de ceux rejetés par leur famille est encore plus importante.

Certains notent que sans preuve d’efficacité de la thérapie de conversion, on peut estimer qu’il s’agit d’une pratique commerciale trompeuse. Mais l’American Medical Association (AMA) et l’American Psychiatric Association veulent interdire la thérapie de conversion compte tenu des risques pour les personnes.

Aux États-Unis, 20 États ont interdit la thérapie de conversion pour les mineurs et une législation est envisagée dans des États comme l’Idaho, le Kansas, le Michigan, le Texas et l’Ohio. Si la plupart de ces initiatives émanaient du Parti démocrate, aujourd’hui la sénatrice républicaine du Kentucky s’est emparée de cette cause considérant que ces thérapies sont de véritables tortures et la conséquence de radicalisations religieuses.

Le Premier amendement est souvent une entrave pour les législateurs et la justice. Dovid Schwartz, psychothérapeute et membre de la communauté juive orthodoxe Chabad-Loubavitch, a déposé une plainte fédérale contre New York pour violation de sa liberté d’expression et atteinte à sa foi religieuse et à celle de ses patients. Une entreprise appartenant à des chrétiens fondamentalistes, poursuivie par la Commission des droits civils du Colorado pour avoir refusé de faire un gâteau pour le mariage d’un couple gay, a obtenu la clémence du tribunal. La Cour suprême a statué en faveur de la pâtisserie sur la base de la liberté d’expression et des droits à la liberté religieuse du Premier amendement.

(Source : Vice, 20.05.2020)

  • Auteur : Unadfi