Enquêtes internes « orientées », prêtres accusés de pédophilie toujours en fonction, omerta sur les crimes… La Fraternité Saint-Pie-X semble avoir organisé un système pour taire les violences qui existent en son sein. Une maison près de Gap servirait même de refuge aux prêtres fautifs.
L’institution ferait tout pour enterrer certains dossiers. Voilà comment un prêtre agresseur d’enfants, Patrick Groche, célèbre aujourd’hui la messe à Lourdes sans être passé devant la justice. La Fraternité aurait imposé des « restrictions et mesures » à l’abbé accusé sans pour autant le priver d’exercer à Lourdes. Ce cas-là serait loin d’être une exception. Un ancien prêtre de la Fraternité Saint-Pie-X qui tient à conserver l’anonymat raconte avoir entendu parler de violences sexuelles au sein du mouvement dès 2007. « J’étais en poste hors d’Europe » raconte-t-il. « Lors d’un voyage, un supérieur m’a révélé le cas d’un confrère qui est désormais incarcéré pour pédophilie. À l’époque, nous étions 500 ou 600 prêtres et il m’avait révélé qu’il y avait déjà 10 cas « avérés » d’affaires de prêtres pédocriminels reconnus par la Fraternité. »
Une autre source proche de la Fraternité Saint-Pie X révèle que la maison de Montgardin, près de Gap, servirait de refuge aux prêtres qui ont commis des fautes, notamment des pédocriminels. Il existerait d’autres « planques » pour mettre à l’abri des religieux soupçonnés d’abus. L’abbé Roisnel qui a violé trois femmes « aurait été caché dans une communauté intégriste d’extrême droite, proche de la Fraternité ». Une pratique permettant aux prêtres accusés d’échapper à la justice.
Le collectif créé à l’été 2022 rassemblant des victimes de la Fraternité a reçu plus de 30 signalements, transmis à la Fraternité qui n’y a donné aucune suite pour le moment.
(Source : streetpress.com, 22.12.2022)