Rencontre du troisième type

Matthew Hendley, journaliste pour Religion Unplugged, a profité d’un stage organisé par le Mouvement Raëlien pour tenter de comprendre ce qui attire ses adeptes.

Son premier contact avec un raëlien a eu lieu lors d’une conférence gratuite ayant pour thème « Conception intelligente pour les athées : les extraterrestres ont créé toute la vie sur Terre ». Arborant un t-shirt avec le logo du mouvement, l’animateur explique en quoi le mouvement est une « religion scientifique athée ». Selon eux, la vie sur Terre aurait été créée par des extraterrestres appelés Elohim. Leur messager, Claude Vorhilon, les aurait rencontrés en 1973. En 1975, prétendant avoir été emmené sur leur planète pour un voyage au cours duquel il a appris que Yahweh et Jésus, eux aussi des Elohim, étaient respectivement son père et son demi-frère. Depuis son retour sur la Terre, il s’est donné pour mission de bâtir une ambassade censée accueillir les Elohim lors de leur retour. Mission qui n’a toujours pas été remplie depuis 45 ans. Néanmoins, le mouvement de Claude Vorhilon, âgé aujourd’hui de 73 ans, attire toujours de nouveaux membres, et en compterait en encore 90 000 répartis dans 90 pays. Les spécialistes du groupe estiment quant à eux qu’ils seraient aux alentours de 20 000.

Devant l’intérêt du journaliste pour le mouvement, l’animateur de la conférence lui a proposé de rencontrer une raëlienne de niveau quatre (Raël étant le seul membre de niveau six) et celle-ci lui a suggéré de participer au séminaire annuel nord-américain du mouvement, le Happiness Academy.

Le séminaire réunissait, dans un hôtel de Buffalo (Etat de New York), une centaine de participants venus du monde entier. Il a débuté par la projection d’un enseignement de Raël, absent car retenu en Asie par les festivités du 45e anniversaire du mouvement. Cette cérémonie d’ouverture a été suivie d’un jeûne de 24 heures.

Le lendemain matin, les adeptes se sont rassemblés pour assister à la chorégraphie d’une danseuse vêtue d’un tissu translucide. Selon la sociologue Susan J. Palmer, spécialiste du groupe, ce genre de spectacle est inhabituel. Pourtant, la nudité n’est pas un problème pour les raëliens qui manifestent chaque année le 26 août avec leur association Go Topless pour obtenir l’égalité entre hommes et femmes quant au droit d’être torse nu.

La chorégraphie a été suivie d’une séance de méditation puis d’un enseignement de Raël au cours duquel il affirmait, en s’appuyant sur des chiffres invérifiables, que tout est illusion : religion, nationalité, couleur, démocratie… Une nouvelle séance de médiation a suivi et enfin la rupture du jeûne consistant en un long cérémoniel autour d’une pomme que les adeptes sont invités à considérer avec chacun de leurs sens avant de pouvoir la manger.

Profitant du dîner le journaliste a interrogé des adeptes pour découvrir ce qui les a motivés à adhérer au mouvement. Certains admettent avoir été attirés par la liberté sexuelle tandis que d’autres l’ont été par l’orientation scientifique de la doctrine.

Le journaliste n’est pas resté durant toute la semaine de séminaire. Après son immersion, il a rencontré Susan J. Palmer. Pour la sociologue, qui a étudié le mouvement durant 15 ans, si Raël n’est pas très éduqué, il attire par ses qualités de leader, son enthousiasme et sa créativité. S’interrogeant sur l’avenir du mouvement, elle se demande ce qui se passera si les Elohim ne reviennent pas sur Terre en 2035 comme annoncé par leur prophète. Elle craint que cela pose problème s’ils ne revoient pas leur scénario apocalyptique. L’âge avancé de Raël est aussi un souci. Selon elle, son décès risque d’occasionner une lutte pour le leadership, même si lui-même prétend être immortel. Susan J. Palmer suppose qu’il entend par là que malgré la mort de son corps terrestre, il poursuivra sa vie sur la planète de ses créateurs.

(Source : Newsweek, 22.01.2020)

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  • Auteur : Unadfi