Qui est Gregorian Bivolaru ?

A la tête d’un mouvement sectaire international de Yoga tantrique, Gregorian Bivolaru a été interpellé fin novembre lors d’un vaste coup de filet mené simultanément en région parisienne et dans les Alpes-Maritimes. Mis en examen pour abus de faiblesse, séquestrations en bande organisée, viols et traite d’êtres humains, il a été écroué. Portrait de celui qui était recherché par Interpol depuis 6 ans.

Né en Roumanie en 1952, Gregorian Bivolaru est plombier de formation. Mais il est persuadé de posséder des dons extraordinaires et devient yogi à l’âge de 20 ans, bien que cette discipline millénaire soit interdite par le régime communiste de Ceaucescu. Sa spécialité : le tantra, pratique issue de l’hindouisme visant à l’épanouissement sexuel. Mais à deux reprises, en 1977 et 1989, il est condamné par la justice roumaine pour « diffusion de matériel pornographique ». Une peine d’un an d’emprisonnement et un séjour en hôpital psychiatrique ne le refroidissent pas. En 1990, après la chute de Nicolas Ceaucescu, il fonde le Mouvement pour l’intégration spirituelle vers l’absolu (Misa). Le Groupe d’étude du phénomène sectaire (GéPS), qui travaille sur ce mouvement depuis 12 ans, le décrit alors comme « un homme à tendances obsessionnelles, paranoïaques, ayant un haut degré de dangerosité sociale». Lui, poursuit son chemin. Il écrit des livres, voyage pour prêcher ses idéaux et ouvre plusieurs ashrams en Europe. En 2005, son mouvement revendique près de 30 000 adeptes en Roumanie.

Des milliers de victimes

Gregorian Bivolaru est peu à peu accusé de prétexter l’enseignement de yoga tantrique pour conditionner des victimes à accepter des relations sexuelles.

En 2004, il est arrêté en Roumanie et poursuivi pour rapports sexuels avec une mineure et perversions sexuelles. Il prend la fuite, puis est interpellé en Suède l’année suivante. Mais Stockholm refuse de l’extrader et lui offre le statut de réfugié politique en 2006, ainsi qu’une nouvelle identité : Magnus Aurolsson.

En 2008 : le Misa est exclu de la Fédération internationale de yoga et de l’Alliance européenne de yoga pour « pratiques commerciales jugées illicites». Des « activités pornographiques » font également l’objet de poursuites en Italie. En expansion hors de Roumanie, le mouvement est rebaptisé Atman. Il compte désormais des antennes dans 31 pays pour un nombre d’adeptes qui dépasserait les 100 000. 

Ennemi public numéro 1 dans son pays, en 2013 il est condamné par défaut par la justice roumaine à six ans de prison. Selon le GéPS, Bivolaru n’est alors plus en Suède, mais en France, où il a relocalisé ses équipes. Il est arrêté à Paris en 2016. Extradé vers la Roumanie, il purge un an de prison… et bénéficie d’une libération anticipée.

Après sa sortie de prison en 2017, la Finlande lance Interpol à ses trousses pour violences sexuelles et trafic d’êtres humains, plusieurs Finlandaises disant avoir été contraintes, à Paris, d’avoir des relations sexuelles avec le gourou. Mais Bivolaru s’est à nouveau volatilisé.

Il a finalement été interpellé fin novembre en Ile-de-France, lors d’un vaste coup de filet. Le septuagénaire a été mis en examen le 1er décembre pour viols, abus de faiblesse, séquestration et traite d’êtres humains en bande organisée. Il a été écroué avec cinq de ses acolytes. Neuf autres suspects ont été mis en examen et placés sous contrôle judiciaire.

Dans son appartement d’Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne), livres et contenus pornographiques, faux papiers d’identité et plus de 200 000 € en espèces ont été saisis, selon une source policière qui évoque un « dossier démentiel ». Une victime, qui s’est confiée à BFM, estime que « plusieurs milliers de femmes auraient fait l’objet d’un trafic sexuel au sein du Misa depuis 1990 ».  

 (Sources : AFP, 5.12.2023 & BFM, 6.12.2023)

  • Auteur : Unadfi