QAnon suscite des inquiétudes

Venu des États-Unis où il est né et a séduit de nombreuses personnes, le mouvement QAnon trouve de plus en plus d’écho en France. Cela inquiète les pouvoirs publics qui craignent certaines répercussions notamment sur les prochaines élections. Le mouvement oscille dans ses discours entre ésotérisme, fake news et extrémisme.

Aux États-Unis, le mouvement QAnon a vu ses membres tout faire pour la réélection de Donald Trump, ce qui a contribué à le fait connaitre encore plus dans le monde. Autre élément propagateur des théories de QAnon, la pandémie de Covid-19. En France plusieurs sites web ont permis la diffusion des idées de QAnon sous couvert parfois de diffuser une information « vérifiée et vérifiable ». Tristan Mendès-France estime que les partisans de QAnon pourraient être environ 200 000 et juge qu’en France ils sont marginaux mais très toxiques. En France, certaines organisations bien rodées traduisent de plus en plus de vidéos complotistes issues de la branche américaine de QAnon. Par exemple le « Team Top Gun » composé d’environ une dizaine de personnes qui sélectionne et traduise les vidéos complotistes qu’il juge les plus intéressantes. Ce groupe bénéficie d’une notoriété et d’une influence de plus en plus grandissantes sur les réseaux sociaux et les groupes complotistes.

Les adeptes français de QAnon gravitent le plus souvent autour d’idéaux complotistes, covidosceptique mais ne semble pas avoir d’objectif précis. Des personnages connus de la complosphère reprennent les théories de QAnon, notamment ceux issus de la mouvance des pratiques de soins non conventionnelles et du bien-être. Nombreux utilisent la rhétorique de QAnon dans leurs vidéos et discours sur la pandémie. L’antisystème et la diabolisation des « élites » défendus par le mouvement vont aussi dans le sens d’un antisystème médical. Les partisans du mouvement sont donc logiquement défiant vis-à-vis de la vaccination, du port du masque et des autres mesures sanitaires.

Les tentatives menées par les géants du web comme Facebook et Twitter pour contrecarrer et censurer le groupe n’ont pas forcement l’effet escompté et ont pu dans certains cas renforcer le repli sur soi des adeptes qui n’hésitent pas à se retrouver sur des réseaux sociaux moins connus pour échanger. Leur but est de faire de la « réinformation » en réaction à la prétendue propagande des grands médias.

La Miviludes a indiqué dans son rapport rendu à la fin février 2021 recevoir de plus en plus de signalements concernant QAnon. Les signalements et témoignages démontrent que bien souvent la crise sanitaire et les confinements ont plongé ces personnes dans un océan de désinformation. Pour Pascale Duval, porte-parole de l’Unadfi, les adeptes de QAnon sont parfois des personnes « en rupture avec elles-mêmes, leur famille et la société tout entière ».

(Source : Le Parisien, 05.02.2021)

 

 

  • Auteur : Unadfi