L’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours semble bâtir à un rythme sans précédent. Si les temples somptueux qui sortent de terre se veulent un symbole de son importance spirituelle, les riverains ne le voient pas du même œil.
À Las Vegas, à seulement trente minutes en voiture des casinos scintillants, les habitants d’un quartier rural niché dans les contreforts se plaignent de la taille et de l’éclairage d’un nouveau temple mormon. Ils estiment que ce dernier a radicalement changé leur environnement par sa taille. Certains se sentent même « piétinés » et ne décolèrent pas contre la ville qui a accordé le permis de construire « un peu à la hâte et sans en mesurer les conséquences ». Surtout, ajoutent-ils qu’il « existe déjà un temple à Las Vegas depuis 1989 ». Selon une enquête réalisée par AP News, des tensions similaires existeraient aussi au Texas, dans le Wyoming et même dans l’Utah, berceau de cette religion. Et pour cause : depuis l’arrivée de Russell M. Nelson à la présidence en 2018, 350 seraient ouverts, en construction ou annoncés. Il ne s’agit pas là de lieux de culte pour les services du dimanche, comme on en compte 20 000, mais de véritables temples où seuls les membres dévoués sont autorisés à entrer, des lieux pour les cérémonies les plus sacrées comme les mariages ou les baptêmes. Pour Gérald Caussé, évêque président, « il s’agit de donner accès à ces lieux précieux à davantage de fidèles ». Les dirigeants refusent en revanche de chiffrer l’opération. Selon une récente divulgation à la U.S. Securities and Exchange Commission, ils disposent d’un portefeuille de 55 milliards de dollars.
Cette volonté d’expansion mondiale ne va pas sans susciter des résistances. L’Église affirme prendre en compte les préoccupations locales et apporter des ajustements. Mais le fossé est loin d’être comblé. Et plusieurs poursuites judiciaires ont été engagées.
(Source : AP News, 03.10.2024)
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