Suite à la propagation de l’épidémie de Covid-19 au sein de la secte Shincheonji1, différents articles et enquêtes ont montré comment la Corée du Sud est touchée par le phénomène sectaire et expliqué les bases historiques de la naissance de différents mouvements qui prospèrent au sein du pays.
En Corée du Sud, près de la moitié de la population s’estime croyante. Le protestantisme, le bouddhisme et le catholicisme sont les religions dominantes auxquelles s’ajoutent d’autres croyances comme le chamanisme très présent dans le pays.
Le développement des sectes en Corée est apparu après l’implantation du christianisme dans le Sud au début du XXe. Suite à la séparation des deux Corée et la guerre de 1950-1953, le christianisme est devenu dans le Sud un marqueur politique important de l’opposition au communisme. Si bien que certains mouvements tel l’Eglise de l’Unification (Moon) utilisèrent cette opposition politique pour faire du communisme l’ennemi de Dieu. Un postulat renforcé par la dictature de Park Chung-hee (1961-1979) qui a fait de l’essor économique du pays une preuve de la bienveillance divine. Les mouvements sectaires se sont acclimatés à ce régime et l’ont soutenu afin de bénéficier en retour de la tolérance de ses dirigeants.
Depuis quelques années, certains mouvements ont changé leur doctrine. Des messies autoproclamés n’hésitent plus à se rapprocher de la mouvance New Age tout en donnant à leurs adeptes une impression d’un retour à la culture ancestrale. Les mouvements sectaires défrayent régulièrement la chronique et les condamnations de gourous pour des agressions sexuelles, des faits de violences ou de travail dissimulé sont légion, comme dans l’Eglise centrale de Manmin2 ou la Grace Road Church3. Mais l’affaire la plus emblématique reste l’entrisme sectaire auprès de Park Geun-hye4, l’ex-présidente. Ce scandale a montré le poids politique que peut revêtir une organisation sectaire.
Les mouvements sectaires coréens pratiquent un prosélytisme agressif et essaiment des groupes partout dans le monde suivant les vagues de migrations de leurs adeptes.
Pour Patrick Maurus, professeur émérite de coréen à l’Institut national des langues et civilisations orientales, les sectes constituent un « abri social et spirituel de proximité » pour les coréens. Leur doctrine simpliste se drape de religion, de spiritualité traditionnelle et de pratiques magiques.
(Source : Le Monde, 01.04.2020)
1- Lire sur le site de l’Unadfi les articles sur Shincheonji : https://www.unadfi.org/mot-clef/shincheonji/
2- Lire sur le site de l’Unadfi, Le leader de Manmin condamné à 15 ans de réclusion pour violences : https://www.unadfi.org/groupes-et-mouvances/le-leader-de-manmin-condamne-a-15-ans-de-reclusion-pour-violences/
3- Lire sur le site de l’Unadfi, La gourelle condamnée : https://www.unadfi.org/groupes-et-mouvances/la-gourelle-condamnee/
4- Lire sur le site de l’Unadfi :
–La présidente sous influence : https://www.unadfi.org/groupes-et-mouvances/la-presidente-sous-influence/
–La « Raspoutine » coréenne condamnée : https://www.unadfi.org/groupes-et-mouvances/la-raspoutine-coreenne-condamnee/