Les thérapies de conversion toujours pratiquées en Suisse

Si les thérapies visant à changer l’orientation sexuelle des homosexuels sont déjà interdites dans plusieurs pays, dont la France, la Suisse n’a pas encore franchi le pas. En effet, le gouvernement considère que la législation qui interdit d’imposer un traitement à une personne mineure sans son consentement est suffisante. Cependant si aucune procédure n’a été lancée au niveau national, dans trois cantons des initiatives parlementaires en ce sens sont en cours.

Cette pratique a essentiellement cours dans le milieu évangélique et plus particulièrement dans les églises évangéliques libres. Leur lecture littérale de la Bible interdisant l’homosexualité amène leurs membres à la considérer « comme quelque chose de dégénéré, de maladif ».

Ce sont souvent des membres de ces églises qui ont, eux-mêmes, recours à ce genre de thérapies lorsqu’ils découvrent leur homosexualité. Plusieurs victimes de thérapies de conversion ont témoigné dans la presse suisse expliquant avoir vu là une solution pour ne pas décevoir leur famille et leur communauté.

Pour certains ça a été un long parcours. Isaac de Oliveira, membre d’une église évangélique libre, a suivi les conseils d’un pasteur, puis est passé par l’association évangélique Torrents de Vie, qui propose un accompagnement à des personnes qui ont vécu une « cassure sexuelle ». Il est même allé aux Etats Unis prier Dieu dans une école évangélique de Nashville. Mais la « guérison » tant espérée n’arrive pas.

Des homosexuels racontent avoir été traités par des pasteurs ou par des psychologues qui ont recherché la cause de leur homosexualité, avoir subi des exorcismes, participé à des séances de prière ou avoir été encouragés à fréquenter des milieux plus masculins.

Mais la démarche s’avère souvent désastreuse, l’absence du résultat souhaité induisant un sentiment de culpabilité, du mépris et même de la haine envers soi-même. Certains développent même des idées suicidaires ou finissent à l’hôpital psychiatrique.

L’un d’eux, David Gamez, est conscient maintenant que sa décision de recourir à une thérapie de conversion avait été prise sous la pression sociale.

Aujourd’hui certains se reconstruisent lentement, tandis que d’autres militent pour l’interdiction des thérapies de conversion en espérant que cela puisse aider les jeunes qui y sont poussés par leur entourage. Mais d’autres pensent que, s’il est nécessaire de légiférer sur le sujet, il faudrait également agir pour changer les mentalités de l’intérieur car les thérapies se poursuivront en secret ou masquées derrière des appellations floues.

Mais les milieux évangéliques sont contre une telle interdiction, à l’image du Réseau évangélique suisse (RES) qui voit là un risque de restreindre la liberté de religion. L’Alliance évangélique suisse (AES), qui regroupe environ 680 églises nationales et libres, est également opposée à toute interdiction. Elle a cependant récemment nuancé ses positions sur le sujet, affirmant que l’homosexualité « ne doit pas être considérée comme une maladie » et assurant « rejeter les procédures ayant pour but explicite de modifier l’orientation sexuelle ».

Quant aux Eglises évangéliques libres, elles sont loin d’avoir adopté ce point de vue.  

(Sources : Cath.ch, 19.05.2022 & Swiss Info, 17.05.2022)

  • Auteur : Unadfi