Les multiples vies du père Maciel

Légionnaires du Christ

Implantée dans vingt-deux pays, la Légion « a fourni à l’Eglise plus de 800 prêtres, compte 2.500 séminaristes, s’appuie sur l’apostolat de 60.000 laïcs, anime 200 écoles et universités, brasse un budget annuel de 650 millions de dollars ».


Début février 2009, le New York Times a révélé que le fondateur, le Père Maciel, décédé un an auparavant à l’âge de 87 ans, avait mené « une double vie » et avait eu… six enfants. Un silence avait été imposé aux prêtres de la Légion. D’une manière plus générale, ces derniers avaient l’interdiction de critiquer leurs supérieurs. Ce « vœu » très particulier n’a été levé qu’en 2006.

Aujourd’hui la Légion peut donc aborder la part hétérosexuelle de son fondateur « pour ne pas avoir à reconnaître les abus pédérastiques » assure un psychanalyste mexicain, Fernando Gonzalez.

En 1998, José Barba, un ancien légionnaire a déposé une plainte devant le Vatican, avec sept autres victimes abusées comme lui par le Père Maciel. Dans « un climat d’extrême répression sexuelle », le Père Maciel leur assurait bénéficier d’une « permission spéciale du pape » pour parvenir à ses fins. Il leur donnait ensuite l’absolution pour le « péché » auquel il venait de les inciter.

En mai 2009, le Vatican a nommé une commission d’enquête composée de trois évêques et de deux autres religieux, dont un jésuite. Une première enquête en 1956 s’était conclue par un non-lieu. Il semblerait que le Vatican ait hâte de conclure sa nouvelle enquête, ce qui reflète son embarras et finalement, son intention de « sauver le formidable outil » qu’est la Légion…

Le Monde, Joëlle Stolz, 04.01.2010