
Une grande enquête a été́ menée par l’IFOP auprès d’un échantillon de 700 personnes protestantes, évangéliques ou chrétiennes évangéliques, âgées de 18 ans et plus résidant en France métropolitaine. Les résultats ont été rendus publics ce 23 janvier. Un sondage d’une telle ampleur n’avait pas été réalisé depuis mai 2010.
Représentant 2 % de la population en France métropolitaine, les protestants constituent le troisième groupe religieux après les catholiques et les musulmans. On note une stabilité, voire une légère hausse « si l’on tient compte de l’augmentation de la population » précise Jean-Paul Willaime, directeur d’études honoraire à l’École pratique des hautes études. Il estime aujourd’hui à 1 320 000 le nombre de protestants. Dans le même temps, la part des évangéliques a progressé de quinze points par rapport à 2010. Ils représentent désormais 33 % des protestants.
Le sondage distingue protestant et évangélique parce que certains évangéliques préfèrent se définir comme tel, le qualificatif de protestant leur paraissant trop lié au protestantisme luthéro-réformé. Le sondage a donc proposé deux catégories pour représenter toutes les sensibilités. 67 % ont coché la case protestant (- 15 points par rapport à 2010) et 33 % évangélique ou chrétien évangélique (+ 15 points par rapport à 2010). Avec une singularité en Alsace-Moselle (87 % de protestants et 13 % d’évangéliques) où les cultes luthérien et réformé font partie des cultes reconnus, les autres expressions du protestantisme non liées à l’État étant appelées églises libres.
La sensibilité évangélique en hausse
Il a été demandé aux sondés de quelle sensibilité ils se sentaient le plus proche afin de dresser le paysage du protestantisme en 2025. La sensibilité évangélique représente 33 % (22 % en 2010), la réformée 25 % (37 % en 2010), la luthérienne 13 % (19 % en 2010), la pentecôtiste 11 % (5 % en 2010), la libérale 8 %, la baptiste 7 % (ces deux sensibilités n’étaient pas mesurées en 2010), la charismatique 5 % (2 % en 2010) et « autre » 11 %. Le total est supérieur à 100, les sondés pouvant donner plusieurs réponses.
25 % des personnes se disant protestantes dans l’enquête ne l’étaient pas auparavant (contre 22% en 2010). Elles étaient très majoritairement catholiques (72 %) ou sans religion (22 %).
33 % des sondés déclarent assister au culte au moins une fois par mois (dont 21 % une fois par semaine). « Ce qui est marquant comparer aux 5 % de pratiquants réguliers observables dans le catholicisme », observe Jean-Paul Willaime. Et les plus jeunes pratiquent davantage que leurs aînés : 49 % des moins de 35 ans contre 27 % des plus de 35 ans.
Les protestants, dans leur ensemble, apparaissent majoritairement favorables à la constitutionnalisation de l’IVG ainsi qu’à la légalisation de l’aide à mourir. Pour autant, ils sont très polarisés sur le plan politique et des frontières ont été franchies. Au premier tour des élections présidentielles de 2022, un tiers des protestants ont voté pour des candidats nationalistes ou d’extrême droite, un quart pour l’extrême gauche et un quart pour Emmanuel Macron. En 2010, ils n’étaient que 5 % a avoir opté pour le Front national, 50 % se disaient à gauche, 5 % à l’extrême gauche, 33 % à droite et 8 % au centre.
(Source : Réforme, 23.01.2025 & Le Figaro, 24.01.2025)
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