La Croix a mené une enquête afin de décrypter ce qui se cache derrière les écoles Steiner-Waldorf notamment concernant leurs fonctionnements et l’ambiance ésotérique voire quasi-religieuse qui y règne.
Une maman a inscrit son fils dans un jardin d’enfants Steiner-Waldorf, attirée par la relation à la nature qui semble y être inculquée et pensant que les fêtes célébrées s’inscrivent dans le suivi du cycle des saisons. Cependant rapidement des choses vont la gêner notamment certaines cérémonies comme la spirale de l’Avent (dans une pièce plongée dans l’obscurité, les enfants, tenant une pomme dans laquelle est fichée une bougie, s’avancent au centre d’une spirale faite de branches de sapin posées au sol, allument leur bougie au centre, puis reviennent sur leurs pas). D’autres allusions religieuses ont commencé à inquiéter la maman. Une autre mère de famille ayant voulu se former à la pédagogie Waldorf évoque « un monde refermé sur lui-même », l’autorité des formateurs et l’impossibilité de la contradiction dans l’école de son fils.
Les différents témoignages recueillis par La Croix dans différents pays montrent comment les rituels de ces écoles ressemblent à des rituels religieux. Comme ces sortes de prières recitées par les élèves dans lesquelles ils disent la main sur le cœur « Vers toi, esprit de Dieu, je me tourne et demande que forces bénissantes, pour apprendre et pour travailler, grandissent en mon être. ». Les autres témoignages évoquent les accointances masquées des écoles avec l’anthroposophie et pointent le manque de protection envers les enfants (par exemple par une non-intervention lors de bagarres entre enfants).
En France, une vingtaine d’établissements scolaires sont labellisés par la Fédération pédagogie Steiner-Waldorf et près de 1 000 dans le monde. La première école a été fondée par le fondateur de l’anthroposophie Rudolf Steiner en 1919. La Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) reçoit régulièrement des questions et des témoignages sur ces écoles. Ils dénoncent notamment les liens entre la pédagogie et l’anthroposophie et le fait que cela soit bien souvent dissimulé. Les parents sont insuffisamment informés des bases et des objectifs de la pédagogie mise en place dans ces écoles. La Miviludes appelle à la vigilance en particulier en ce qui concerne la couverture vaccinale, le niveau scolaire des enfants ou leur sécurité.
Grégoire Perra, ex-élève et professeur d’une école Steiner, alerte depuis de nombreuses années sur les dérives sectaires au sein de ces écoles. Il rappelle que tous les rituels et cérémonies qui s’y déroulent ont une signification dans le système de croyances anthroposophiques. Il dénonce aussi une coupure vis-à-vis du monde extérieur, une mise sous emprise, la violence entre les enfants, l’absence de limites, et une culture de la dissimulation.
La fédération Steiner-Waldorf reconnaît « une dimension spirituelle à l’être humain » dans sa pédagogie, mais il s’agirait « plutôt d’une spiritualité laïque » se défend sa porte-parole.
(Source : La Croix, 10.03.2023)