Nous rapportons, dans ce nouveau numéro des Actualités de l’Unadfi, trois affaires judiciaires concernant des magnétiseurs contre lesquelles des patientes ont porté plainte pour abus sexuel. Considérés comme des soignants par leurs patientes, ces hommes ont profité de leur autorité pour commettre des agressions sur des personnes fragilisées, venues les consulter pour régler des problèmes.
Gilbert R., un magnétiseur de Faverges-Seythenex (Haute-Savoie), ne sera pas jugé par la cour d’assise d’Annecy le 8 mars 2021 pour les sept viols et cinq agressions sexuelles dont il était accusé car il a mis fin à ses jours.
Me Georges Rimondi, l’un des avocats des parties civiles déplore cette issue pour les victimes car le procès aurait pu participer à leur reconstruction. L’action publique va donc s’éteindre, mais la procureure de la République d’Annecy, Véronique Denizot explique que les victimes pourront « saisir la Commission d’indemnisation des victimes d’infractions (Civi) et obtenir, même en l’absence de condamnation de l’auteur, un dédommagement éventuel. »
Une information judiciaire avait été ouverte en décembre 2017 par le parquet d’Annecy. L’instruction avait retenu 12 faits de viols et d’agressions sexuelles et rendu un non-lieu partiel concernant dix autres soupçons d’attouchements.
L’homme recevait les femmes pour des douleurs au dos, stress, eczéma, burn-out, surpoids ou deuil, dans un « cabinet de consultation » situé dans son garage où sa table de massage n’était séparée de la salle d’attente que par un rideau. La vingtaine de femmes, dont certaines avaient « une vulnérabilité psychologique évidente » ont rapporté des faits sidérants. Sous prétexte de « soins » l’homme leur demandait de se dévêtir, leur massait les seins, leur touchait le sexe ou a même introduit une lampe torche dans le vagin de l’une d’elles. Sidérées les femmes racontent « avoir été paralysées, comme hypnotisées et dans un état second face au magnétiseur. » L’accusé, aujourd’hui décédé, reconnaissait les faits, « mais pour lui il n’y avait pas de viol car cela faisait partie des soins ».
(Sources : L’Essor Savoyard, 12.02.2021)
Dans le Lot et Garonne, le verdict du procès du magnétiseur sophrologue Gérard Micieli, a été rendu en l’absence de l’accusé, évacué par le SAMU en cours d’audience suite à un malaise. Le juge l’a condamné à 8 ans de prison pour le viol de trois de ses patientes en dépit de son évacuation et sans attendre l’expertise médicale qu’il avait demandée car, âgé de 80 ans, il avait déjà échappé au verdict de son premier procès, en 2018, ajourné suite à un malaise. Soutenu par les témoignages d’une nombreuse patientèle, il a une nouvelle fois nié les faits. Parmi ceux qui le soutiennent aucun ne s’est ému d’avoir été soigné avec un vibromasseur censé agir sur les méridiens d’acupuncture.
Inspiré par la sagesse orientale – il a vécu dans un ashram en Inde pour y apprendre le yoga – l’homme propose une large palette de spécialités : sophrologie, mais aussi do in, acupression, ouverture de chakras, digitopuncture, yoga tantrique. Particulièrement vulnérables et sous l’emprise de G. Micieli, les victimes racontent des faits concordants. Allongées, les yeux bandés, elles subissaient des caresses, des pénétrations digitales ou avec le vibromasseur, le tout au son d’incantations psalmodiées par le pseudo thérapeute.
Bien que soutenu par une clientèle nombreuse, l’homme n’est pas inconnu de la justice. Après un redressement de 240 000 euros, il avait été condamné en 2013 à 8 mois de prison avec sursis pour blanchiment d’argent.
Sorti de l’hôpital le 25 février, Gérard Micieli a fait appel, ce qui obligera les victimes à subir l’épreuve d’un nouveau procès.
(Sources : La Dépêche, 6.11.2018, La dépêche, 01.02.2021 & Le Monde 28.02.2021)
Un autre magnétiseur a été condamné par la cour d’appel de Caen pour agressions sexuelles sur deux femmes qui l’accusent de « gestes et des propos déplacés de la part d’une personne exerçant une forme d’autorité. »
L’ancien gendarme de 58 ans qui pratiquait, les activités de « toucheur, magnétiseur, guérisseur, rebouteux, médium et passeur d’âmes », depuis 2004 au Molay Littry (14) aurait exercé une emprise sur ses « patientes » après avoir repéré leurs fragilités. C’est sous prétexte de drainages mammaires, censés soulager leurs maux, que l’homme, se prétendant la réincarnation de Jésus, a abusé des deux jeunes femmes.
Il avait été condamné à « 15 mois d’emprisonnement avec sursis, 5 ans d’interdiction d’exercer, a été inscrit au Fichier des délinquants sexuels et à 1 500 € de dommages et intérêts pour chaque victime »
(Sources : La Manche Libre, 02.02.2021 & Ouest France 16.07.2020)