Le parti japonais au pouvoir dans la tourmente après les révélations sur ses liens avec la secte Moon

Après l’assassinat du premier ministre japonais Shinzo Abe en raison de son appartenance à l’Eglise de l’Unification (aussi appelée Moon), tout son groupe politique, le parti libéral démocrate (PLD), est maintenant en crise, accusé d’avoir parmi ses membres de nombreux autres élus liés au mouvement controversé.

A la suite de ce meurtre, 179 députés et sénateurs du PLD sur 379 ont dû avouer avoir eu des liens plus ou moins directs avec la secte ou ses organismes affiliés. Une proximité qui résulte d’une stratégie électoraliste puisque l’Eglise de l’Unification partage aussi des valeurs conservatrices, une désapprobation du mariage homosexuel ou une lutte contre le communisme. En cela, Moon constitue une réserve de soutiens fidèles au PLD, susceptible de faire pencher la balance lors d’élections serrées. Appartenant également à ce parti politique, le nouveau Premier ministre, Fumio Kishida, est rapidement devenu impopulaire pour n’avoir ni adopté une position ferme sur le sujet ni condamné les pratiques financières douteuses (« ventes spirituelles » de biens sacrés) du mouvement religieux. A cela, il faut ajouter que son ministre de la Revitalisation économique, Yamagiwa Daishiro, a été interpellé à plusieurs reprises au Parlement sur ses liens avec la secte. En effet, il figurait sur des photos avec Hak Ja-Han, la veuve du fondateur de l’Eglise en 2018 et 2019. Il a répondu en évoquant un souvenir « confus » avant d’annoncer finalement sa démission. Tiraillé entre le mécontentement croissant de la population et l’implication de ses alliés politiques dans cette affaire, le Premier ministre a décidé d’exercer le « droit de question » qui figure dans la loi sur les organismes religieux, un processus qui peut éventuellement mener à la dissolution de l’Eglise concernée. Cette procédure avait été mise en place après l’attentat mortel au gaz sarin perpétré en 1995 dans le métro de Tokyo par la secte Aum Vérité suprême. Cette investigation pourrait durer plusieurs années avant d’aboutir et risquerait de faire perdre à au mouvement son statut d’organisation religieuse et l’exemption de taxes dont il a bénéficié jusqu’à maintenant. La décision de Fumio Kishida constitue à ce titre autant une avancée symbolique qu’une manière d’éviter toute transparence sur les rapports de son parti avec l’Eglise de l’Unification. Quant au meurtrier actuellement en détention provisoire et sous expertise psychiatrique, il est salué par de nombreux japonais pour avoir ouvert ce dossier épineux. 

(Sources : Franceinfo, 27.09.2022 & Le Monde, 17.10.2022 & Libération, 22.10.2022 & Les Echos, 25.10.2022 & Le Figaro, 25.10.2022)

  • Auteur : Unadfi