En deux semaines, près de 110 corps ont été exhumés dans la forêt de Shakahola, à l’est du Kenya. Il s’agit de membres de l’Eglise Internationale de Bonne Nouvelle. Une grande majorité des personnes décédées sont des enfants. Sebastian Muteti, chargé de la protection de l’enfance pour le comté de Kilifi, a déclaré à l’AFP qu’il s’agissait de « tueries de masse ».
Si les recherches ont permis de retrouver des dizaines de personnes vivantes dans cette vaste forêt, des adeptes de la secte semblent y être toujours cachés. Selon un responsable de la Croix-Rouge kényane, 311 personnes dont 150 mineurs ont été signalées disparues à l’organisation. « Nous appelons le gouvernement national à envoyer des troupes sur le terrain afin que nous puissions aller à l’intérieur [de la forêt] et secourir ces victimes qui sont en train de jeûner jusqu’à la mort », a insisté Hussein Khalid, directeur de l’ONG Haki Africa, organisation qui avait déjà alerté la police au sujet des agissements de l’Eglise Internationale de Bonne Nouvelle, mouvement qui compterait près de 3000 membres.
Le « pasteur » Paul Nthenga Mackenzie avait persuadé ses adeptes de jeûner jusqu’à la mort afin de rencontrer Jésus, et d’échapper à « la mort la plus douloureuse du monde » en août, quand surviendrait l’apocalypse. Il avait préconisé d’affamer les enfants en premier, puis les femmes, et enfin les hommes.
La presse a dénoncé les failles des autorités policières et judiciaires. Paul Nthenga Mackenzie était en effet connu des autorités depuis plusieurs années. Il avait été arrêté en 2017 aux côtés de 35 écoliers et lycéens auxquels il avait prôné l’arrêt des études, prétendant que cela n’était pas conformes aux écrits de la Bible. Il avait déjà été arrêté en mars 2023 après que deux enfants étaient morts de faim sous la garde de leurs parents, des adeptes de la secte. Il avait été libéré sous caution. Le pasteur est aujourd’hui en détention après s’être rendu à la police le 14 avril, quelques jours après le début des recherches dans la forêt de Shakahola. Il a comparu devant un tribunal le 2 mai.
Ce drame a ravivé la discussion autour de la réglementation et du contrôle des cultes au Kenya, pays majoritairement chrétien. Le président kényan William Ruto a promis des mesures sévères contre les pasteurs autoproclamés « qui veulent utiliser la religion pour promouvoir des idéologies louches et inacceptables ».
(Sources : lapresse.ca, 23.04.2023 & lepoint.fr & ouest-France.fr 25.04.2023 & rtl.fr, 27.04.2023)
Ndlr : mardi 2 mai, la justice kényane a annoncé qu’elle entendait poursuivre le pasteur Paul Nthenge Mackenzie pour terrorisme.