A la suite du sondage paru au début de l’année 2022, l’Unadfi a souhaité, poursuivre l’étude de l’opinion des Français en essayant de comprendre les tenants et les aboutissants du recours aux pratiques de soins non conventionnelles. Réalisé en partenariat avec l’institut Odoxa, un sondage en ligne s’est déroulé dans le courant du mois d’avril 2023, portant sur un échantillon de 1005 personnes représentatives de la population Française âgée de 18 ans et plus.
Le choix de sujet s’est avéré logique dans la mesure où les dérives sectaires dans le domaine de la santé constituent une part importante des signalements et des témoignages reçus dans nos associations, et sur lesquelles les institutions étatiques œuvrant dans la lutte contre les dérives sectaires alertent régulièrement. L’expérience montre qu’il est fréquent que la santé des adeptes soit mise à mal par l’emprise exercé, même si elle n’est pas au cœur de la doctrine.
Le sondage montre le développement croissant des thérapies alternatives qui jouissent d’une image positive auprès des Français. En effet 70% des Français ont une bonne image de ces thérapies, un chiffre qui se rapproche considérablement des 84% de plébiscite de la médecine. 1 français sur 10 aurait même une très bonne image de ces pratiques. En corrélation avec la bonne image des thérapies alternatives on observe que 45% des Français considèrent qu’elles sont globalement elles sont au moins aussi efficaces que la médecine classique, et pour 12% elles sont plus efficaces. Soit plus d’1 français sur 2 qui jugent ces thérapies au moins aussi efficaces que la médecine. Si les Français semblent avoir confiance en ces thérapies, des fausses croyances persistent comme le fait de penser que les praticiens en thérapie alternative sont tenus au secret médical (86% des Français le pensent).
Bonne image et efficacité sont soutenues par un développement dynamique. Le sondage montre que plus d’1 français sur 2 s’estime aujourd’hui plus qu’il y a 5 ans disposé à y avoir recours. 70% des Français estiment que leurs compatriotes sont aujourd’hui plus disposés qu’avant à y avoir recours Parmi différentes thérapies testées dans notre sondage, certaines ont majoritairement été expérimentées ces 5 dernières années et font ainsi figure de pratiques « montantes ». C’est notamment le cas de la méditation (74% de personnes l’ayant pratiqué l’ont fait au cours des 5 dernières années) mais aussi des Fleurs de Bach (61%), du jeûne (59%), de la sophrologie (59%), de la kinésiologie (58%) et de l’hypnose (56%).
Les Français jugent que les thérapies alternatives compensent les problèmes du système de santé, notamment la difficulté d’obtenir des rendez-vous médicaux, les déserts médicaux, les consultations trop expéditives, les pathologies mal soignées (52%) et la saturation des services hospitaliers (51%). Un autre chiffre du sondage indique que 16% des Français ont déjà renoncé à un traitement médical au profit d’une thérapie alternative et ce comportement est encore plus répandu chez les jeunes (24% chez les 25-34ans). Les Français ont aujourd’hui fortement recours aux thérapies alternatives, notamment celles liées à la manipulation manuelle (51%), à la médecine traditionnelle (48%), aux plantes (45%) et aux énergies (39%).
On constate qu’un grand nombre de pratiques s’inscrivent dans un cadre peu formel. Ainsi, des thérapies alternatives assez répandues sont très majoritairement pratiquées en autonomie, c’est le cas du jeûne (9% de pratiquants dont 91% en autonomie) et de la phytothérapie (11% de pratiquants dont 72% en autonomie). A l’inverse, d’autres thérapies alternatives sont majoritairement accompagnées par un praticien, c’est notamment le cas de l’homéopathie (62%), du magnétisme (75%), de la kinésiologie (78%), de la sophrologie (82%) ou de l’hypnose (85%).
En ce qui concerne le choix des praticiens, les Français se basent davantage sur une recommandation de leur entourage (81% pour le magnétisme, 65% pour l’acupuncture, 52% pour l’hypnose et 44% pour le jeûne) que sur celle d’un professionnel de santé (par exemple uniquement 24% pour l’acupuncture, 38% pour la kinésiologie, 21% pour l’hypnose).
71% des Français ont conscience que les thérapies alternatives peuvent donner lieu à des dérives sectaires et pour 69% qu’un praticien en thérapies alternatives peut exercer une emprise sur une personne. Ils sont une nette majorité (81%) à considérer que l’Etat doit mieux réglementer et encadrer l’activité des praticiens en thérapies alternatives.
On constate aussi que bien qu’utilisées, ces thérapies suscitent un certain nombre de réserves de la part des Français : pour 63% elles ne sont pas reconnues scientifiquement, 61% ne solliciteraient pas un praticien en thérapie alternative face à des symptômes inconnus et 56% estiment que les remèdes naturels peuvent avoir des effets secondaires nocifs.
On peut conclure que les Français semblent donner du crédit à ces thérapies alternatives tout en étant conscients de leur dangerosité mais face aux défaillances du système de santé ils semblent se tourner vers ces pratiques comme solution alternative.
(Source : Sondage Odoxa / Unadfi, consulter le sondage dans son intégralité : http://www.odoxa.fr/sondage/les-francais-et-les-therapies-alternatives/ )