Au sommaire du dossier :
Les évangéliques et la politique
Une grande majorité d’évangéliques soutient Trump. Ils étaient 77% à voter pour lui en 2016, 84% en 2020. Lorsque Mike Pence, un évangélique, a dû certifier la victoire de Joe Biden le 6 janvier 2021, la foule qui se tenait à l’extérieur du Capitol a réclamé sa mise à mort par pendaison. Ce jour-là, l’idée et le nom de Dieu étaient très présents, à la fois dans l’esprit des émeutiers persuadés qu’une fraude électorale était à l’œuvre, mais aussi inscrits sur les pancartes et les t-shirts.
Cette loyauté sans faille des évangéliques vis-à-vis de Donald Trump, propriétaire de casinos, plusieurs fois divorcé, peut sembler inappropriée. L’historien Mark Noll explique qu’« une grande partie de ce qui distingue l’évangélisme américain n’a rien à voir avec la foi chrétienne », et caractérise ce groupe comme « le plus facilement réceptif aux absurdités conspirationnistes, le plus méfiant vis-à-vis de leurs adversaires politiques, et le plus agressivement anti-intellectuel ».
L’article questionne l’origine mais aussi les objectifs de l’implantation d’une vision aussi binaire et manichéenne du monde. L’interview de Randall Balmer, un historien des religions américaines, spécialiste de l’évangélisme et prêtre épiscopal, est très éclairante à ce sujet.
Une série sur Jésus : The Chosen
The Chosen est une série réalisée par l’évangélique Dallas Jenkins. Très populaire aux Etats-Unis, la saison 1 a été diffusée aux dernières fêtes de Noël sur la chaîne C8 de la TNT. Le parti pris : dépeindre Jésus et ses disciples comme d’imparfaits humains. Sept saisons sont prévues, et au vu de l’incroyable succès rencontré par les deux premières, qui ont fait récolter à la série plus de 40 millions de dollars, il n’y aura pas d’obstacle à leur réalisation.
L’accueil des évangéliques au sein du GOP
Cet article aborde les travaux de Nicole Asmussen Mathew, professeure en sciences politiques à l’université californienne d’Oakland. Elle a étudié les convictions religieuses des parlementaires entre 1995 et 2017. Les résultats de cette étude démontrent que ce n’est plus le vote évangélique qui sert à faire élire des républicains. Ce sont les républicains eux-mêmes qui sont devenus évangéliques. La présence de cette communauté en politique permet de faire avancer leur agenda conservateur, notamment sur les sujets de l’avortement, du mariage homosexuel et de l’éducation. L’article relève aussi le soutien financier qu’a pu apporter à la campagne de Trump de grandes figures influentes du monde évangélique. Certaines organisations fondées pendant la campagne 2020 de Trump utilisaient la religion comme socle pour récupérer les voix de minorités ethniques.
El Reino, fiction mêlant évangélisme et criminalité
C’est l’histoire d’un pasteur évangélique officiant en Argentine. Celui-ci se lance dans la course à la présidentielle. Son colistier est assassiné ; le pasteur devient du jour au lendemain favori. Violence, ambition et clientélisme sont les éléments clés d’une intrigue qui ne ravit pas l’Alliance chrétienne des Eglises évangéliques de la République argentine. Dans un communiqué, elle accuse la scénariste Claudia Piñeiro d’utiliser la série pour exprimer des rancœurs personnelles. L’actrice principale a aussi été vivement critiquée et attaquée sur Internet pour sa participation à El Reino. La réalisatrice regrette qu’une partie du public ne puisse pas voir en sa série une fiction qui n’aborde pas la religion à proprement parler, mais plutôt son instrumentalisation à des fins politiques et électorales.
(Source : Amnesty International, mai 2022)