La prolifération des sectes pseudo-chrétiennes

King of Salem est un mouvement sectaire pseudo-chrétien fondé en 2013 par Lisbet Garcia. Elle a persuadés ses adeptes qu’elle était le Christ et leur promet la vie éternelle. Basé en Colombie, le groupe compterait environ 2 000 adeptes. King of Salem est tout à fait caractéristique des nombreux groupes qui prolifèrent actuellement dans le pays et que les autorités tentent de contrôler.


On ne peut pas évoquer King of Salem et Lisbet García sans se référer à son époux, José Luis de Jesús Miranda, un portoricain né en 1946 qui se prenait pour Dieu. Bien qu’il affirmât être éternel, Papi, comme l’appelaient ses adeptes, est décédé en Floride, en novembre 2013. Quelques jours plus tard, Lisbet déclarait être le Christ et la femme de Dieu : « Des hommes pervers et méchants ont caché la vérité sur le Christ ; ils ont toujours su qu’il était une femme, mais ils étaient chargés de détruire toutes les preuves à son sujet », peut-on lire sur le site officiel de sa congrégation.

Gustavo, adepte du mouvement, est persuadé qu’il pourra être immortel s’il suit à lettre les volontés du « Christ Lisbet ». « Si nous l’écoutons, les cellules de notre corps se régénèrent et resteront jeunes éternellement » a-t-il déclaré.
Bien que le « Christ Lisbet » n’interdise rien, elle formule une série de recommandations visant à désintoxiquer le corps pour atteindre la vie éternelle. Cesser d’avoir des relations sexuelles fait partie de la désintoxication.
Une centaine de personnes se réunissent lors de cérémonies dominicales organisées dans un quartier Bogota. Des écrans projettent des textes bibliques, d’autres des photos de Lisbet Garcia. Sa tenue vestimentaire reflète davantage celle d’une femme d’affaire que d’une divinité.

Le silence est absolu, seul l’appel à la dîme est quelque peu animé. Trois femmes portant un récipient appellent ceux qui croient en Lisbet à déposer leur enveloppe contenant de l’argent ; les chèques sont acceptés…

La secte prétend qu’elle obtiendra bientôt le statut de mouvement religieux lui permettant de collecter officiellement les dîmes et autres dons. Mais selon des sources du ministère de l’Intérieur, King of Salem n’aurait pas engagé de procédure en ce sens.
En Colombie, le nombre d’organisations religieuses comme King of Salem a ostensiblement augmenté. Il y aurait 6 500 églises enregistrées dont une bonne partie essentiellement pour profiter de la législation en faveur des cultes et des avantages fiscaux qu’elle induit. La nouvelle Direction des affaires religieuses du Ministère de l’intérieur tente de freiner cette avalanche de marchands de foi.

Selon William Mauricio Beltrán, professeur à la Faculté de sociologie de l’Université nationale, la situation perdure car les chrétiens ont l’espoir du retour du Christ. Ceux qui leur font cette promesse disposent de bonnes capacités oratoires et d’un charisme qui attirent ces croyants. William Mauricio Beltrán explique que ces pasteurs « prophétiques » prolifèrent là où règnent les difficultés économiques et sociales, là où il est urgent de trouver un sauveur qui comprend ces difficultés et qui offre de l’espoir.
La terreur est utilisée par les mouvements sectaires pour assoir leur pouvoir. Ils convainquent les adeptes qu’ils pourraient être punis ou maudits s’ils s’écartaient du droit chemin ou plus exactement du chemin que la secte leur a tracé.

Certains de ces prédicateurs, disposant également de solides connaissances en matière économique et en communication, parviennent à créer de véritables multinationales. Ces mouvements présentent une structure pyramidale au sommet de laquelle se situe le chef incontesté et incontestable les autres membres sont placés dans la hiérarchie selon leur capacité de conviction.

(Source : RIES, 01.10.2018)