Installée dans un ancien hangar du Blanc-Mesnil, transformé en véritable « église-village », la megachurch Charisma attire chaque semaine des milliers de fidèles.
Charisma fonctionne sur le concept de la théologie de la prospérité, c’est-à-dire l’idée selon laquelle la bénédiction divine se manifeste dans la réussite matérielle et s’obtient par les sommes versées à l’église. Le système est savamment rodé : lors du culte, en plus des urnes qui circulent parmi les fidèles, la marche à suivre pour faire des dons en ligne est projetée sur grand écran et retransmise en direct sur YouTube. L’église a récemment reçu Tommy Tenney, un pasteur et auteur de livres à succès originaire de Louisiane. Au cours de sa prédication, il a encouragé les fidèles à effectuer des dons en s’inspirant de versets tirés du Livre de Malachie dans l’Ancien Testament : « Dieu pourrait faire entrer de l’argent dans les caisses des églises mais ça ne marche pas comme ça. Il cherche des gens qui vont donner leur part et s’il trouve quelqu’un en qui il a confiance et qui donne à la maison du trésor, alors Dieu bénit cette personne ». Ce type de discours correspond-il à une incitation fraternelle au don ou à de la prédation financière ? Entre 2015 et 2020, la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) a reçu une vingtaine de signalements au sujet de Charisma. En cause, les appels aux dons récurrents et l’exigence de sommes parfois très élevées.
Le Conseil national des évangéliques de France a recensé 2300 églises évangéliques. Parmi ces églises, le nombre de megachurch « tient sur les doigts d’une main et celles-ci sont encore loin d’avoir le même rayonnement sur la place publique et le même poids politique qu’aux États-Unis », explique Nicolas Cochand, maître de conférences en théologie pratique à l’Institut Protestant de Théologie de Paris. Néanmoins, Charisma est en pleine expansion : possédant des antennes à Bordeaux, Chartres, Nantes, Orléans ou encore Limoges, elle revendique 12 000 fidèles contre 7000 il y a dix ans.
(Source : lefigaro.fr, 26.06.2023)