Titres toujours plus accrocheurs, autopromotion effrénée sur les réseaux sociaux, algorithmes jouant en faveur des contenus complotistes : les ventes de livres conspirationnistes sont en augmentation constante.
Les 18 et 19 mai derniers se sont tenues deux journées de conférences organisées par le Conseil scientifique indépendant. Des dizaines de personnalités évoluant dans la sphère complotiste et anti vaccin y ont exposé leurs théories sur les prétendues ententes secrètes entre Big Pharma, l’Etat et Bill Gates. Toutes ces théories sont explorées dans des articles ou des vidéos publiées sur le net, mais aussi et surtout dans des livres : « les idéologues du complot sont toujours passés par l’objet livre pour défendre leur idée du monde », explique l’historienne Marie Peltier.
Lors de ces deux jours de conférence, les personnes venues écouter les interventions étaient invitées à se procurer les ouvrages publiés par les intervenants : Les 33 Questions auxquelles ILS n’ont toujours pas répondu, écrit par le médecin controversé Christian Perronne, Ne leur pardonnez pas ! Ils savent très bien ce qu’ils font, publié par le journaliste Jean Michel Jacquemin-Raffestin, ou encore Les apprentis sorciers de Alexandra Henrion-Caude.
Ce dernier ouvrage s’est vendu à 100 000 exemplaires et a contribué à la notoriété de l’ancienne généticienne, qui fait presque quotidiennement sa promotion sur son compte Telegram. « Le succès des livres conspirationnistes est en partie lié à une base militante mue par un sentiment d’urgence et de frustration qui pousse à l’achat », explique le maître de conférences spécialiste des cultures numériques Tristan Mendès France. De plus, certains théoriciens du complot utilisent le succès apporté par leurs publications sur les réseaux sociaux pour démarrer leur propre maison d’édition, ce qui leur permet de distribuer des textes ou des films complotistes en passant sous les radars. C’est le cas de Fabien Moine, le créateur d’Exuvie TV et des Editions Exuvie, maison d’édition qui distribue des ouvrages remettant en cause la médecine ou faisant la promotion de pratiques de soin non conventionnelles.
(Source : telerama.fr, 20.06.2023)
