La fin du décompte horaire

Les adeptes Témoins de Jéhovah sont dans l’obligation de rendre compte régulièrement aux dirigeants de leur congrégation du nombre d’heures qu’ils consacrent à Jéhovah. Cette obligation a pris fin durant le mois d’octobre mais les règles et obligations jéhovistes sont encore bien présentes pour les adeptes.

Les rapports horaires étaient une mesure clé de la vitalité spirituelle et permettait de décider qui accédait au leadership. Les adeptes pouvaient être victimes de pressions et culpabilisés lorsqu’ils ne respectaient pas les heures. Cette suppression s’applique aux « éditeurs » et aux adeptes inscrits dans un ministère. Ils devront désormais déposer des rapports mensuels des activités de prosélytisme et des études bibliques menées mais sans préciser les heures.  De leurs côtés les personnes engagées comme « missionnaires » continueront d’enregistrer leurs heures.

Certains anciens adeptes demeurent sceptiques par rapport à cette décision et cherchent les motivations en jeu derrière cette interdiction. Ils rappellent notamment que les heures faites par les adeptes ont diminué, en particulier depuis la pandémie, et donc que les chiffres ne seraient plus assez probants. Cette baisse est réfutée par le porte-parole des Témoins de Jéhovah.

Pour l’ancien Martin Haugh, le comptage des heures était central dans la vie des adeptes témoignant de leur fidélité à Jéhovah. Il se souvient de fortes réprimandes pour ceux qui n’étaient pas assez performants ou encore de mariages brisés du fait de l’investissement moindre d’un des conjoints. Des personnes pouvaient sombrer dans une forte culpabilité et une dépression.

Ce changement intervient dans une période difficile pour les Témoins de Jéhovah : attaques mortelles de la part d’anciens membres dans des congrégations en Inde ou en Allemagne, persécutions en Russie où le mouvement est interdit. Les Témoins de Jéhovah font l’objet d’une surveillance intense dans le monde entier pour la gestion des abus sexuels sur enfants.

Pour Martin Haugh, la décision de l’arrêt du comptage des heures ne compense pas les échecs dans la réforme du traitement des abus ou l’ostracisme envers les ex-adeptes. Il conclut en admettant que « Ils sont peut-être plus gentils avec leurs propres membres, mais ils sont devenus encore plus hostiles à leurs anciens membres ». 

(Source : Yahoo News, 22.11.2023)

  • Auteur : Unadfi