Enquête sur les abus sexuels commis par des adeptes

Selon une enquête menée par un groupe d’ex-Témoins de Jéhovah au Japon, 159 personnes ont signalé avoir été victimes d’abus sexuels commis par des adeptes occupant souvent des postes à responsabilité. Les ministères et agences gouvernementales concernés en ont été avisés le 7 novembre.

C’est le groupe d’anciens adeptes baptisé « JW child abuse damage archive » qui a lancé une enquête en ligne en juillet dernier. L’objectif : alerter les instances pour que le problème d’abus sexuels soit examiné en tant que question sociale et qu’il serve de signal d’alarme au vu des violations des droits de l’homme qui peuvent également se produire dans d’autres religions, rapporte la journaliste Amane Shimazaki dans le Asahi Shimbun.

159 signalements ont ainsi été collectés. Les personnes interrogées pouvaient choisir plusieurs réponses. 35 disent avoir été victimes d’abus sexuels de la part d’adeptes lorsqu’ils étaient mineurs : 24 auraient subi des attouchements, 11 « vus ou photographiés en sous-vêtements ou nus », 9 auraient été embrassés et 4 « forcés à avoir des relations sexuelles ». Une personne interrogée, âgée de 38 ans, a déclaré avoir été abusée sexuellement par un ancien adepte plus de 100 fois entre l’âge de 9 et 12 ans. Elle dit « s’être sentie mal et avoir eu peur ». Mais elle n’aurait pas pu lui dire d’arrêter. Compte tenu de la position qu’il occupait dans la congrégation locale, elle pensait qu’elle aurait « pu être en danger si cela se savait ».  Cette femme est restée longtemps recluse. Elle est en congé depuis environ deux ans après qu’on lui a diagnostiqué un syndrome de stress post-traumatique et une dépression. 

19 personnes ont aussi répondu que « l’auteur de l’abus était un membre en position d’autorité ».

Par ailleurs, 139 personnes interrogées ont déclaré qu’on leur avait « montré des publications sexuellement explicites inappropriées à leur âge ». Ces actes sont considérés comme des abus sexuels selon les directives du ministère de la protection sociale publiées à la fin de l’année dernière, rappelle la journaliste du Asahi Shimbun.

En outre, 42 personnes interrogées ont affirmé avoir été forcées « de discuter de leurs expériences sexuelles avec des anciens et d’autres personnes ».

Interrogés par la journaliste, les Témoins de Jéhovah ont répondu « ne tolérer aucune forme de maltraitance des enfants » et « en particulier abhorrer les abus sexuels sur les enfants ».

Miyako Shirakawa, une psychiatre qui traite les victimes d’abus sexuels, estime pour sa part que « les résultats de cette enquête ne sont probablement que la partie émergée de l’iceberg. Mais ils ont une grande importance sociale en tant que première étape vers la compréhension de l’étendue réelle du problème ». Et d’ajouter : « J’ai été surprise qu’autant de personnes aient pu s’exprimer. Même si les victimes signalent des abus, elles ne sont souvent pas crues lorsque l’auteur est en position d’autorité. Parfois, les croyances religieuses, telles que le fait de parler d’abus est considéré comme un acte de blasphème et de trahison, empêche la divulgation. » Pour elle, « il est temps que le gouvernement central ou une organisation tierce examine les situations de violences sexuelles dans les communautés religieuses ». Le groupe à l’initiative de cette enquête prévoit une conférence de presse le 28 novembre. 

(Source : Asahi Shimbun, 9.11.2023)

  • Auteur : Unadfi