
Empoisonnées et fusillées, plus de 900 personnes ont trouvé la mort à Jonestown en 1978. Au cœur de la jungle de Guyana, le site pourrait devenir un lieu de mémoire.
Certains parlent de suicide collectif. D’autres de massacre. Une certitude, en Amérique du Sud et au-delà, ce 18 novembre 1978 a marqué les esprits. Les victimes, majoritairement de nationalité américaine, étaient membres de la secte Temple du Peuple, ou People’s Temple, dirigée par le pasteur Jim Jones. Certaines sont décédées après avoir ingurgité une boisson mélangée à du cyanure. D’autres ont péri sous des rafales de mitraillettes parce qu’elles refusaient de respecter le « pacte de mort » signé lors de leur adhésion au Temple du peuple.
50 ans après la tragédie, le Guyana projette d’ouvrir le site à des visites touristiques. Située dans la jungle reculée du nord du pays, l’ancienne commune n’est accessible que par bateau, hélicoptère ou avion. Une fois arrivés au village de Port Kaituma, les visiteurs devront parcourir un sentier de six kilomètres pour atteindre ce qui reste de la colonie agricole, aujourd’hui envahie par la végétation.
« Cette initiative divise la population », concède Jordan Vilchez, survivante de la tragédie. Si elle reconnaît au Guyana le droit de tirer profit du site, elle insiste sur la nécessité de respecter les victimes. Neville Bissember, professeur de droit à l’université du Guyana, dénonce pour sa part « une idée macabre et étrange ».
Malgré ces réserves, le projet bénéficie du soutien de l’Office du tourisme et de l’Association de l’hôtellerie du Guyana. La ministre du Tourisme, Oneidge Walrond, a indiqué que le gouvernement avait commencé le défrichage du site. Elle souligne que « d’autres pays, comme le Rwanda, ont su transformer des lieux marqués par des tragédies en sites mémoriels ». Ce que confirme Rose Sewcharran, directrice de Wonderlust Adventures : « Cela existe partout dans le monde, comme à Auschwitz ou au musée de l’Holocauste ».
(Source : Geo, 10.12.2024)
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