Dans un livre intitulé Little Sister : A Memoir, Patricia Chadwick raconte son enfance au sein d’une communauté religieuse catholique nommée les esclaves du Coeur Immaculé de Marie. L’écriture de ce récit autobiographie lui a permis une meilleure compréhension et acceptation de son histoire personnelle et particulièrement de son enfance au sein d’un mouvement sectaire.
À la fin des années 1940, c’est à Cambridge dans le Massachusetts, que Leonard Feeney prêtre catholique – qui sera excommunié en 1953 – a fondé et dirigé une communauté religieuse baptisée les Esclaves du Coeur Immaculé de Marie, composée de plusieurs familles. Les adeptes du père Feeney adhéraient à une interprétation stricte de la doctrine catholique.
Patricia Chadwick se souvient qu’à l’âge de 4 ans le leader a souhaité que ses parents changent de nom et optent pour des « noms religieux ». Dorénavant, elle devait s’adresser à eux en tant que Soeur Elizabeth Ann et Frère James Aloysius. L’année suivante c’est elle qui est rebaptisée Anastasia. Elle a 6 ans lorsqu’elle et ses frères et soeurs sont séparés de leurs parents pour être élevés par une « grande soeur » du groupe qui leur infligera de nombreux châtiments. Peu à peu, les enfants sont poussés à adopter un mode de vie quasi-monastique centré sur la prière. Les enfants sont scolarisés au sein de la communauté. Les dirigeants du groupe affirment qu’ils sont chanceux d’être sauvés du monde extérieur et de ses dangers (journaux, films, radio, musique et vêtements). Les parents de Patricia Chadwick sont contraints de faire voeu de célibat et ne peuvent plus vivre ensemble. Ils doivent rompre les liens avec les membres de leur famille n’appartenant pas au groupe et abandonner leurs biens et leurs enfants à la communauté.
Malgré les avertissements des leaders, Patricia Chadwick est intriguée par le « monde extérieur ». À son adolescence alors que sa destinée semble la pousser vers un parcours au sein de la communauté pour devenir « grande soeur » elle est exclue du groupe quelques heures après avoir obtenu son diplôme de dernière année de lycée. Elle se retrouve alors seule, sans argent, sans possibilité d’accès à l’enseignement supérieur. Elle a dû se reconstruire grâce à la force de sa détermination
Après le décès de Soeur Catherine, l’une des dirigeants du groupe, de nombreux enfants ont rapporté à leur parents les nombreuses violences commises par cette nonne. Cela a entrainé une fuite de nombreuses familles du groupe. Les parents de Patricia Chadwick ont quitté la communauté avec deux de ses frères soeurs en 1969 et ses autres soeurs en 1971.
Après la rédaction de son livre, c’est lors de sa présentation dans des bibliothèques et des librairies qu’elle a pris conscience d’avoir grandi dans une secte. Après avoir longtemps ignoré certains signes, elle se rend compte de l’emprise subie au sein du groupe : obéissance à une autorité absolue, contrôle de la vie des adeptes, diabolisation du monde extérieur, rupture avec la famille et rejet des sortants du groupe. Pour Patricia Chadwick, c’est le public qui a constaté que son récit était celui d’une personne ayant grandi dans une secte, elle ne devait que l’accepter. Elle n’en veut pas à ses parents car elle comprend l’emprise exercée par les dirigeants.
(Source : America, 06.05.2020)