Étreindre et s’enrichir

Depuis de nombreuses années, le mois de novembre est l’occasion, du passage d’Amma en France et de sa distribution de câlins. Le Monde Diplomatique met en lumière le business lucratif caché sous cette tournée occidentale de la gourelle indienne.

L’organisation internationale Embracing The World (ETW) est une véritable entreprise qui jouit d’un vaste réseau diplomatique, d’une reconnaissance internationale et du soutien d’un grand nombre de personnalités publiques qui ont déjà été aperçues aux côtés de sa représentante. L’ETW et Amma apparaissent au-dessus de tout soupçon et bénéficient d’une couverture médiatique très favorable. Lors des grandes réunions au cours desquelles Amma câline une multitude de personnes de nombreux produits dérivés sont proposés à la vente : posters de la gourelle, teeshirts de l’organisation, cailloux énergétiques et même une poupée à l’effigie d’Amma (90 euros) que l’on peut câliner lorsque l’on est loin de la gourelle. Ces différents produits, qui peuvent aussi être commandés sur le site du mouvement, assurent la régularité des rentrées financières.

Durant la tournée d’Amma, un grand nombre de dévots suivent la caravane, à leurs frais, et participent bénévolement à toutes les actions et à l’organisation des différents événements. Suivre la tournée d’Amma avec les bus de l’organisation coûte 1 500 euros, repas et hébergement non compris, beaucoup de femmes sans emploi sont prêtes à dormir à même le sol pour suivre Amma. Une ancienne adepte, qui a participé aux tournées pendant cinq ans, révèle la rudesse des journées : les adeptes se lèvent très tôt pour réciter des mantras et les 108 noms d’Amma, travaillent toute la journée et enfin, assistent le soir à des cérémonies rituelles jusque très tard, ce qui laisse peu de place au sommeil.
 

En 2013, le livre d’une ancienne disciple australienne, secrétaire privée d’Amma dénonçait déjà l’empire commercial, les violences et les liens étroits entre Amma et le pouvoir nationaliste hindou1. L’organisation a obtenu que ce livre soit interdit dans l’Etat du Kerala…
 

Pour Sanal Edamaruku, exilé en Finlande où il préside l’Association des rationalistes indiens, « l’empire d’Amma n’a rien d’une ONG caritative ». Ayant eu accès à des documents officiels, il s’interroge sur certaines sommes. Il souligne que si l’ETW construit bien des hôpitaux, des écoles et des universités, il s’agirait le plus souvent d’institutions privées devant être rentables.

(Source : Le Monde Diplomatique, novembre 2016)

1- Lire sur le site de l’UNADFI, Témoignage d’une ex-adepte d’Amma : https://www.unadfi.org/groupe-et-mouvance/ t%C3%A9moignage-dune-ex-adepte-de-amma