Dérive mystique ?

Courant décembre 2021, les policiers municipaux de Saint Jory (31) ont découvert deux corps sans vie chez un magnétiseur renommé de la région. Sa famille et lui n’ayant donné aucun signe de vie depuis plusieurs jours, les policiers se sont rendus à leur domicile. Si le magnétiseur, âgé de 63 ans était vivant, sa femme et sa mère étaient toutes deux décédées, mais avec plusieurs jours de décalage. Jusqu’à présent les causes de leur mort n’ont pas été élucidées. Le rôle de la femme dans le décès de la mère et la raison pour laquelle l’homme n’a pas déclaré leurs décès demeurent un mystère, tant les propos du magnétiseur sont incohérents.

L’homme, aveugle, était très connu dans la région pour ses dons de guérisseur. Il vivait à Saint Jory avec sa femme, elle aussi magnétiseuse, et sa mère. Réputé très pieux, le couple versait dans la littérature millénariste et se préparait activement en vue de l’apocalypse en prévision de laquelle il avait stocké de grandes quantités de nourriture, surtout depuis le début de la pandémie qu’il avait interprétée comme un signe de la fin des temps.

La dérive du magnétiseur est ancienne. Son don de guérison lui aurait été révélé en 2000 par un évêque lors d’un pèlerinage à Lourdes. Croyant en ses capacités de guérison, il a abandonné son métier d’accordeur de pianos pour se consacrer à ses patients qu’il recevait dans une atmosphère très mystique. Chaque séance débutait par une prière et était ponctuée de la visite de sa chapelle privée.

Conforté par ses succès auprès de clients qui venaient de loin et attendaient de longues heures pour recevoir ses soins, et conforté dans son choix de vie par son curé, il en est venu à croire qu’il avait la capacité de tout guérir.  Quand son père lui a annoncé son cancer en 2010 il l’a dissuadé de suivre une chimiothérapie et l’a soigné, entre autres, à l’eau bénite pouvant, selon lui, guérir les tumeurs ou la leucémie. Son père meurt, mais cet échec ne le dissuade pas de poursuivre ses soins. Il encourageait certains de ses patients à arrêter leur traitement et leur prescrivait des huiles essentielles ou des plantes pour traiter des pathologies graves comme la sclérose en plaque. Quant aux vaccins, il y était totalement opposé et prétendait pouvoir soigner le Covid.

Hospitalisé en psychiatrie depuis la macabre découverte, s’il n’a pas donné d’explication sur la mort des deux femmes, il aurait récemment confié à son curé : « elles sont dans la lumière ». 

(Source : Marianne, 11.03.2022)

  • Auteur : Unadfi