24 ans après la mort de son fondateur, qu’est devenu le Mandarom

Fondé en 1969 par Gilbert Bourdin, devenu plus tard le « messie cosmo planétaire », le Mandarom a de nombreuses fois défrayé la chronique tant par les dérives de son gourou, que par ses démêlés judiciaires pour des problèmes d’urbanisme.

Tout a commencé par l’installation d’une communauté « yogi », près de Castellane dans le Var, dont les adeptes se sont réunis autour de la récitation de mantras et l’exploration de la spiritualité. Progressivement la pratique devient de plus en plus rigoriste, des statuts et des bâtiments symboles de l’aumisme, le syncrétisme religieux créé par Gilbert Bourdin, sont construits illégalement et bientôt le culte sombre dans des dérives qui l’ont conduit à être classé comme mouvement sectaire par la Commission d’enquête parlementaire de 1995. Cette même année, Gilbert Bourdin est accusé de viol par deux adeptes mineures au moment des faits. Mort trois ans plus tard, il n’a jamais été jugé, mais en 2000, les deux femmes ont été reconnues victimes et indemnisées.

L’une d’elle, Florence Roncaglia, a été amenée par sa mère au Mandarom. Auteure d’un livre1 racontant son expérience au sein du groupe, elle décrit le rejet du monde, l’adoration du gourou, les journées rythmées par la prière, les travaux effectués par les adeptes, les punitions, les nuits et les jours passés à réciter des mantras censés chasser des démons extraterrestres.

Des journalistes de Vice, curieux de savoir de quoi il retourne aujourd’hui se sont rendus sur les lieux pour assister à une visite guidée. L’accueil est assuré par une « sœur », faisant partie de la dizaine d’adeptes vivant à l’année dans l’enceinte du Mandarom, alors qu’ils étaient une soixantaine à en faire partie et des centaines à le visiter au moment où sa renommée était la plus forte.

Vêtues de la tenue et du bandeau rouge du Mandarom, la sœur les invite à déambuler au milieu des bâtiments et des statues censés représenter toutes les religions. Après avoir raconté la vie du « messie », depuis sa naissance en 1923 en passant par ses études de médecine et son voyage en Inde, elle aborde ensuite le sujet de l’aumisme. La visite se conclut avec un passage obligatoire par la boutique de souvenirs, dont les recettes constitueraient, avec les billets d’entrée, les principales sources de revenus du groupe.

Si Gilbert Bourdin est mort depuis plus de 20 ans, il continue de fasciner les adeptes à l’image de la « sœur » en charge des visites qui se souvient : « À ses côtés on avait l’impression d’être quelqu’un de formidable. Il avait un regard aimant et à la fois qui vous transperçait, il lisait dans vos pensées »

Selon Me Catherine Cohen-Seat, l’avocate qui a épaulé l’écologiste Robert Ferrato dans sa lutte pour réhabiliter la colline de Castellane, Gilbert Bourdin n’était pas seulement bien vu par ses adeptes. Selon elle, avant qu’il ne soit accusé de viol, il aurait bénéficié de la complaisance des autorités locales qui auraient fermé les yeux sur ses projets urbanistiques.

Depuis le décès de son fondateur, le Madarom n’a été l’objet d’aucun signalement auprès de la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes). Mais cette dernière reste vigilante car, explique l’un de ses représentants, « il convient de veiller à ce que l’adhésion à cette croyance ne se transforme pas en une adhésion inconditionnelle, privant l’individu de tout libre arbitre et de tout sens critique qui le conduirait à commettre des actes qui lui seraient préjudiciables ou qui seraient préjudiciables aux personnes qu’il est amené à côtoyer ».  (Source : Vice, 24.01.2022)

1. Mandarom, une victime témoigne, Editions TF1, 1995

Lire sur le site de l’Unadfi : Que sait-on de ? Le Mandarom : https://www.unadfi.org/actualites/groupes-et-mouvances/que-sait-on-de-le-mandarom/?highlight=mandarom

  • Auteur : Unadfi