Un mystérieux lobbying contre les nouvelles techniques génomiques (NGT)

L’Union européenne s’apprête à décider du cadre légal des nouvelles techniques génomiques (NGT), perçues par la plupart des États membres comme « une avancée pour l’agriculture ». Mais un lobbying tente de bloquer le processus. Parmi eux : des adeptes de l’anthroposophie.

Contre toute attente, la présidence polonaise du Conseil de l’Union européenne a décidé d’accélérer le dossier du projet législatif sur les nouvelles techniques génomiques (NGT). Déjà remaniée plusieurs fois, cette proposition a été bien accueillie par les États membres lors de la dernière réunion technique qui s’est tenue en février. Mais cette nouvelle dynamique génère aussi des crispations.


Parmi les opposants aux NGT à Bruxelles, on retrouve plusieurs associations écologistes et figures de proue du bio, mais aussi un groupe d’adeptes de l’anthroposophie, une croyance ésotérique fondée par Rudolf Steiner. Des organisations comme Greenpeace, Slow Food ou IFOAM (le lobby du bio) s’opposent aux NGT, craignant « une industrialisation accrue de l’agriculture ». Rien de surprenant. C’est un acteur inattendu qui sème le trouble : la Fédération biodynamique Demeter International (BFDI). Cette organisation défend une agriculture biodynamique, inspirée de la vision mystique de Rudolf Steiner, qui croyait en l’influence d’êtres invisibles, comme les gnomes et les ondines, sur la croissance des plantes.


Double discours


La stratégie de la BFDI semble bien rodée. Dirigée à Bruxelles par Clara Behr, elle diffuse des brochures et organise des campagnes contre les NGT. Elle a aussi lancé une pétition contre les NGT, rassemblant 420 000 signatures, grâce au soutien d’associations influentes. L’un de ses alliés, Benedikt Haerlin, ancien responsable de Greenpeace, pilote des campagnes de lobbying et organise des conférences au Parlement européen sous le nom de « Save Our Seeds ».


Ce réseau anti-NGT avance avec un double discours. En public, il prône des arguments écologiques contre les biotechnologies. En coulisses, il défend une vision mystique de l’agriculture, sans le dire ouvertement. Dans les deux cas, il n’hésite pas à mettre en avant des arguments pseudo-scientifiques ! L’Europe va devoir trancher entre innovation agricole et opposition idéologique.


(Source : Agriculture et Environnement, 18.03.2025)


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  • Auteur : Unadfi