La psychanalyse est l’invention de Sigmund Freud au début du XXe siècle pour écouter des patients en se basant sur l’hypothèse de l’inconscient (hypothèse selon laquelle des éléments de nos pensées sont refoulés hors du champ de notre conscience et font retour sous une forme « déguisée » à la faveur d’un lapsus, d’un oubli, d’un rêve, d’un acte manqué, d’un symptôme).
Au fil de sa pratique et de ses élaborations théoriques, Freud met au jour un phénomène auquel il donne le nom de transfert : les personnes qu’il reçoit en analyse projettent sur lui des affects (d’amour ou de haine) et des représentations qui ne lui sont pas vraiment adressés à lui Freud, mais s’adressent plutôt à une figure importante de l’histoire de celui qui est en analyse (son père, sa mère, tel frère, etc.) que le psychanalyste se trouve représenté inconsciemment et malgré lui. A la faveur du transfert, se répètent d’autres relations que la relation manifeste. En fait, ce phénomène de transfert, qui recèle donc une fiction souvent inaperçue, se présente dans toute relation humaine et d’autant plus que la relation est asymétrique comme c’est le cas de la relation soignant-soigné, enseignant-élève (combien sont fréquents les lapsus d’enfants appelant leur maîtresse « maman » !), patron-employé, adulte-enfant, homme-femme… ou encore gourou-adepte. Dans les contextes de dérives sectaires, qu’il y ait ou non une manipulation mentale (selon moi, les techniques de manipulation ne sont pas nécessaires à l’institution d’un collectif sectaire), c’est un transfert de l’adepte à l’endroit du gourou (ou à l’endroit du groupe) qui s’installe et auquel donne consistance le gourou – car l’analyser reviendrait certainement à le dissoudre. Exemple : Une femme appartenant à un groupe marxiste dont on disait que c’était une secte s’était adressée à moi.
Il apparut qu’elle me mettait fantasmatiquement en place de chef idéal de son groupe en écrivant par lapsus mon nom de famille – Mary – avec un x : « Marx ».
On le voit, le transfert trouve à s’exprimer en prélevant un trait de ma personne (en l’occurrence, mon nom, ma barbe, etc.). (…)