Dans les Cévennes, Maria Libera propose, entre autres PSNC, des services de doulas – non sans dérives.
Cette praticienne est responsable de l’association Humanly qui organise « Yoniversel, le festival de la vulve », dont la dernière édition s’est tenue en mai dernier. Ce festival, annoncé comme « familial », comporte des zones pour adultes interdites aux enfants où se pratiquent plusieurs activités nues, comme du tantra. Toutefois, des participantes de la première édition affirment que des stands d’objets sexuels étaient installés dans les espaces accessibles aux enfants. Concernant l’édition 2024, une festivalière explique avoir trouvé l’ambiance malsaine : « Cette année il y avait pas mal de mecs venus seuls, avec des intentions et recherches pas très saines qui erraient dans le festival en proposant des moments de douceurs qu’on retrouve dans les ateliers (massages, tantra) ou en train de danser en mode gros lourd qui vient te coller… »
Mais Maria Libera, aussi connue sous l’alias « Madame Ocytocine », est aussi une doula, soit une accompagnante en naissance. Cette profession, récemment apparue en France, fait l’objet de nombreuses controverses, et préoccupe les instances représentatives des gynécologues-obstétriciens et sage-femmes. Maria Libera propose de nombreux services en plus de l’assistance à la naissance : elle pratique diverses PSNC et organise différents stages autour de la natalité. Les thèmes abordés vont de la préparation à base de placenta (ce qui est illégal en France) aux « masterclass en naissance quantique ».
Au-delà de ces pratiques controversées, Maria Libera adopterait régulièrement des comportements problématique : Le Poing a recueilli les témoignages de huit femmes victimes de cette praticienne.
C’est par exemple le cas de Jeanne qui, enceinte, choisit d’accoucher à domicile et d’être accompagnée dans ce processus par Maria Libera. Elle subit toutefois plusieurs déconvenues durant son accompagnement : outre la rare présence de la doula, pourtant supposée l’accompagner, elle explique également avoir été touchée aux jambes et au visage sans avoir pu donner son consentement. Jeanne insiste également sur le caractère charmeur de la praticienne, qui bénéficie de la vulnérabilité des personnes enceintes. Une autre femme apporte un témoignage similaire, et explique avoir également été exposée à des propos anti-médecine : « J’ai eu droit à un discours anti médical à fond, qu’il fallait résister, ne pas faire confiance au corps médical ». Ce discours est également présent sur les réseaux sociaux de l’association Humanly, qui invite les femmes enceintes à se renseigner « sur les protocoles hospitaliers et leurs conséquences » et à s’éloigner « des récits qu’on a pu te transmettre sur l’accouchement à l’hôpital. »
Si les thèmes des stages proposés sont en eux-mêmes questionnables, plusieurs participantes expliquent par ailleurs avoir été initiées à des activités non prévues dans la plaquette, comme le moulage de leur vulve par une intervenante extérieure, ou l’auto-exploration de leur vagin, dans la même pièce que le reste des participantes. « J’étais venue pour apprendre une forme de massage traditionnel et je me suis retrouvée prise au piège dans une activité hyper intime que je devais partager avec 17 inconnues… », explique une participante.
Selon plusieurs témoignages, Maria Libera ferait appel à des participantes pour l’aider durant ses stages en échange d’un tarif au rabais, voire d’une participation gratuite : « sa technique est toujours la même, elle va rechercher dans ses collaborateurs un profil-type : toujours des femmes, de préférence avec enfant, célibataires si possible, plutôt vulnérables à ce moment-là de leur vie », explique Léa, une ancienne participante.
Plusieurs femmes mentionnent également le caractère despotique de Maria Libera, ce qui empêche certaines participantes de s’opposer aux activités imposées. Ainsi, selon une participante, « elle n’hésitait pas à descendre quelqu’un en public, en lui disant des choses très violentes ». Un climat tyrannique entretenu par l’envoi de message aux anciennes participantes, jour et nuit. Selon Léa, « les messages ayant pour but de « recadrer » une personne arrivent très fréquemment, le soir, la nuit, et sont visibles de tous. »
Contactée par Le Poing, Maria Libera qualifie ces allégations de diffamatoires.
(Source : Le Poing, 16.07.2024)