Une ancienne naturopathe s’engage contre les dérives thérapeutiques

Dans ses publications sur Internet, Sohan Tricoire dénonce les travers de la naturopathie et vulgarise la diététique.

Cette ex-praticienne explique que son intérêt pour la naturopathie a été favorisé par plusieurs éléments de sa trajectoire personnelle : elle souligne notamment l’impact du mépris du corps médical face à certains de ses choix (véganisme, stérilisation), auquel s’ajoute un contexte de questionnement professionnel et un penchant pour l’écologie et le « naturel » en général. « A un moment donné de mon parcours, toutes les conditions se sont trouvées réunies pour que j’adhère à ces préceptes », explique cette naturopathe « repentie ».

Le déclic pour cette PSNC a lieu après avoir visionné une vidéo d’Irène Grosjean, conseillée par un collègue crudivore. Sohan Tricoire apprécie le discours positif et bienveillant de la naturopathe, qui adopte par ailleurs une posture de soignant. Elle estime alors ne pas disposer des « outils pour comprendre que cette femme n’était en rien une professionnelle de santé ». La naturopathie apparaît donc comme une reconversion parfaite pour une personne en quête d’un métier riche de sens.

Sohan Tricoire suit donc une formation d’une année dans une école de naturopathie réputée où sont proposés des enseignements de diverses PSNC comme l’iridologie, les fleurs de Bach, la réflexologie plantaire… Ignorant tout des effets placebo et contextuels, elle est convaincue par l’effet de groupe et l’efficacité apparente des méthodes présentes. Sohan Tricoire considère aujourd’hui que le prix de la formation, 12.000 euros, a probablement aussi joué un rôle : difficile d’avoir du recul après un tel investissement. Une fois installée, elle voit également sa pratique légitimée par divers professionnels de santé, comme ce laboratoire d’analyses médicales qui réalisait sans broncher les analyses d’intolérance alimentaire les plus farfelues.

Le doute émerge quand Sohan Tricoire réalise qu’elle ressent les bénéfices des fleurs de Bach sans utiliser les élixirs. Elle découvre ensuite des contenus liés à l’esprit critique sur YouTube. Dans un premier temps, elle cherche à sauver la naturopathie « en faisant du tri et en éliminant ce qui n’était pas fondé sur des preuves scientifiques » : elle réalise rapidement que peu de pratiques associées à la naturopathie remplissent ce critère. Sohan Tricoire se détourne finalement définitivement de la naturopathie lors de la crise sanitaire, alors qu’explosent les discours antivax de ses confrères.

Elle est aujourd’hui diététicienne. De son passage par la naturopathie, elle regrette surtout d’avoir prescrit des tests coûteux à ses patients et de les avoir poussés à adopter des régimes restrictifs. Des discours qu’elle combat aujourd’hui grâce à ses vidéos et ses publications sur Internet. 

(Source : L’Express, 14.07.2024)

  • Auteur : Unadfi