Le futur médecin, influenceur sur les réseaux sociaux, cumule les postures problématiques.
Timothée Moiroux, 25 ans, s’est fait connaître fin février 2024 quand un passage d’un podcast filmé, auquel il participait, a été diffusé sur les réseaux sociaux. Problème : durant l’extrait, le jeune homme conseille à une mère de « taper » son enfant « super mal élevé ». Des propos alarmants à plusieurs niveaux : au-delà de l’incitation aux «violences éducatives ordinaires», le jeune homme bénéficie d’un statut particulier, puisqu’il est interne en médecine générale au CHU de Dijon. Les conseils relatés dans le podcast auraient même été prodigués durant une consultation.
Le CHU de Dijon n’a pas donné suite aux sollicitations de FranceTvInfo mais le personnel soignant aurait signalé la vidéo «maintes et maintes fois», selon une source interne. L’Ordre des Médecins de Côte-d’Or a également été alerté au sujet de cette affaire. « Est-ce que ce sont des soins consciencieux de dire à une femme qu’il faut taper son enfant ? Je pense qu’on peut se poser la question », ironise son président, le Dr Romain Thévenoud. Le médecin rapporte également que des collègues de pédiatrie partout en France ont été choqués par les mots de l’interne. Et pour cause : ses propos sont caractéristiques d’une « déconsidération de la profession », ce qui est interdit dans le Code de santé publique.
Timothée Moiroux est aussi adepte de « pseudo-sciences », dont il fait la promotion sur les réseaux sociaux. Le jeune homme cumule ainsi près de 74 000 abonnés sur Instagram et 79 000 sur Youtube. Dans l’une de ses vidéos, l’interne explique ainsi avoir «fait une formation pendant un petit mois» pour devenir hypnothérapeute à la fin de sa première année de médecine, et aurait donné jusqu’à 30 consultations par semaine parallèlement à ses études. Le jeune homme pratiquerait également la programmation neuro-linguistique (PNL), une autre PSNC.
Selon le président de NoFakeMed, Pierre de Brémond d’Ars, « l’usage du titre d’hypnothérapeute ou de praticien en hypnose n’est pas du tout régulé ». De fait, si l’hypnose peut être utile dans certaines situations, elle peut également mener à des dérives : « Il y a déjà le risque de rester seul face au patient lorsqu’un confrère aurait fait mieux. L’autre risque, c’est celui d’une position ascendante voire d’emprise, de dérives sectaires.», explique le médecin. Par ailleurs le collectif n’hésite pas à qualifier la PNL de pseudoscience, pointant un manque de données probantes : « Ce sont des techniques qui empruntent beaucoup à l’hypnose. Dès qu’on creuse un peu, on s’aperçoit qu’il y a beaucoup de choses farfelues : par exemple la lecture des mouvements oculaires n’est pas forcément très solide scientifiquement ».
Si l’interne a théoriquement le droit de pratiquer ces PSNC, son double statut interroge. « Ce qui est compliqué, c’est que ces pratiques sont des pratiques commerciales et pas de soins. » explique de Brémond d’Ars, « Elles ne sont pas encadrées par le code de santé publique, on ne peut pas les recommander au patient. Être étudiant en médecine et en même temps pratiquer l’hypnose et la PNL pose un certain nombre de questions au niveau déontologique. »
(Source : FranceTvInfo, 20.04.2024)