En 2021, le secteur de la santé représentait 25 % des signalements reçus par la Miviludes. Ce qui n’est pas sans inquiéter.
En effet, des études ont déterminé que l’abandon des soins conventionnels au profit des PSNC peut avoir des conséquences dramatiques. « Des travaux menés outre-Atlantique estiment que les patients atteints d’un cancer qui recourent à des thérapies “alternatives” sont 2,5 fois plus susceptibles de mourir dans les cinq ans que ceux qui suivent un traitement habituel », explique Alexandra Delbot, co-autrice du livre Médecines alternatives et complémentaires : Qu’est-ce qui marche ?.
De fait, selon un sondage réalisé en 2023 par Odoxa pour l’UNADFI, 57 % des Français considèrent que ces pratiques sont au moins aussi efficaces que la médecine classique. Le développement des PSNC s’explique par plusieurs facteurs, comme la progression de la désertification médicale, les révélations en lien avec plusieurs scandales sanitaires, et la multiplication de troubles que les professionnels de santé peinent parfois à prendre en charge, comme l’anxiété.
La problématique principale des PSNC est leur absence d’encadrement et de contrôle : n’importe qui, sans formation particulière, peut se prétendre thérapeute. Et si toutes les pratiques en lien avec la santé, même la médecine conventionnelle, peuvent être concernées par les dérives sectaires, 70 % des cas rapportés par la Miviludes relèvent des PSNC.
Certaines PSNC, susceptibles d’aggraver l’évolution d’une maladie, alertent particulièrement la Miviludes, comme la naturopathie, l’urinothérapie, les jeûnes extrêmes ou à but thérapeutique, et le crudivorisme. La médecine quantique ou la biologie totale sont également considérées comme à risque d’emprise mentale et financière.
Pour pallier l’absence de régulation des PSNC, un comité de travail pour l’encadrement des pratiques non conventionnelles de santé, auquel participe l’UNADFI, a été créé en juin 2023. Et deux nouveaux délits ont été votés dans le cadre du projet de loi contre les dérives sectaires : la provocation à l’abandon ou à l’abstention de soins médicaux et la sujétion psychologique, à savoir l’emprise.
Dans l’attente d’une réelle évolution légale, quelques situations doivent appeler à la vigilance : si un praticien propose des séances gratuites pour essayer une méthode, demande à ne pas parler de la démarche à son entourage ou invite à arrêter un traitement prescrit par un médecin, méfiance !
(Sources : Le Dauphiné Libéré, 11.04.2024, Femina, 20.04.2024)