Le risque de dérives sectaire en oncologie

Une session du 17e Congrès de médecine générale, organisé fin mars 2024, était dédiée à la prévention des dérives sectaires, particulièrement en oncologie.

Ce temps visait à donner quelques clefs aux médecins pour repérer les signes d’emprise et accompagner les patients afin d’éviter leur renoncement aux soins. La session était particulièrement focalisée sur les malades atteints de cancer, que la gravité de la maladie peut rendre particulièrement vulnérables aux promesses illusoires de guérison. Le recours aux PSNC connaît depuis quelque temps un essor particulier, marqué par la crise de confiance liée au Covid et un phénomène accru de désertification médicale. De fait, selon la Miviludes, quatre Français sur 10 auraient recours aux PSNC, dont 60% parmi les malades du cancer.

Selon Claude Linassieur, directeur du pôle Prévention de l’organisation et des parcours de soins à l’Institut national du cancer (Inca), la question de l’adhésion aux fausses informations est centrale ; ces dernières « visent à placer les pratiques alternatives au même niveau voire au-dessus de la médecine. C’est un premier pas vers la croyance et potentiellement vers l’abandon d’une prise en charge appuyée par une démonstration scientifique ».

Si les PSNC peuvent parfois participer à l’amélioration de la qualité de vie, elles peuvent également constituer « une porte d’entrée vers une mise sous emprise », indique Chantal Gatignol, conseillère santé de la Miviludes. « Dans 20 % des cas, on observe un passage de dérives thérapeutiques à sectaires », pointe-t-elle.

Certains contextes sont particulièrement à risque de dérives, comme les stages ou retraites, durant lesquels l’effet de groupe et le sentiment d’appartenance masquent un « processus d’emprise mentale, de captation financière et de prosélytisme agressif », selon le journaliste Étienne Jacob, auteur de La France des gourous, Journal d’un infiltré.

Plusieurs indices peuvent alerter les médecins : le questionnement ou le dénigrement de la médecine, une perte de discernement, une forme de dépendance, un détournement des traitements en faveur de remèdes alternatifs miraculeux. Selon Chantal Gatignol, le caractère onéreux d’une thérapie doit aussi interroger.

Toutefois, les patients sont aujourd’hui peu enclins à informer leur médecin de leur recours à une PSNC, notamment par crainte de la réprobation du celui-ci. Le Dr de Bremond d’Ars, médecin généraliste et président du collectif NoFakeMed, invite les soignants à ouvrir le dialogue sur ce sujet avec leurs patients, sans jugement, au moyen d’une question simple : « Utilisez-vous des médecines complémentaires ? ». En cas de réponse positive, le généraliste peut ensuite « proposer des alternatives moins chargées de croyances ». 

(Source : Le Quotidien Du Médecin, 05.04.2024)

  • Auteur : Unadfi