La réponse à cette question d’un sondage Ifop pour le JDD, dont les résultats ont été publiés le 15 août, a révélé que le mouvement comprend une nette surreprésentation d’adeptes de médecines alternatives.
Interrogé par le journaliste Thomas Malher, Jérôme Fourquet, directeur du département Opinion de l’Ifop, analyse les résultats pour l’Express.
Selon lui, le fait que les médecines douces soient de plus en plus acceptées -près de quatre français sur dix y ont recours, au moins occasionnellement- explique leur surreprésentation parmi les anti-pass sanitaire et les antivaccins. Leur présence est d’autant moins étonnante que beaucoup se méfient de la médecine classique et sont souvent réticents à la vaccination qu’ils soupçonnent d’être à l’origine de l’autisme ou de la sclérose en plaque.
Le sondage a aussi mis en évidence que le noyau dur des adeptes des médecines douces -représentant 11% des Français- est proche de la France Insoumise (15%), mais surtout d’Europe Ecologie (30%).
Une étude menée récemment sur la couverture vaccinale par Jérôme Fourquet et Sylvain Manternach, géographe à la Fondation Jean Jaurès, a montré davantage de réticences à la vaccination dans le Sud de la France que dans le Nord. En comparant le nombre de praticiens alternatifs à la population locale, ils ont constaté qu’ils sont bien plus implantés dans le Sud. Cette disparité tient peut-être à la culture régionale en Occitanie et en Provence, plus écologiste et décroissante que dans le Nord plus industrialisée. Il note aussi que le Sud est plus ouvert au courant new-age, notamment à travers les néo-ruraux qui s’y sont implantés.
Pour lui il n’est guère étonnant que nombre de figures de la « galaxie vaccino-sceptique » résident dans le Sud, à l’image du naturopathe Thierry Casasnovas, de la députée européenne écologiste Michèle Rivasi, du professeur Henri Joyeux ou de l’urgentiste Louis Fouché, fondateur du site antivax ReinfoCovid.
En ce qui concerne le profil sociologique des adeptes des médecines douces, Jérôme Fourquet relève que toutes les catégories socio-professionnelles sont représentées, avec toutefois davantage de cadres en ville et de profils à bas revenus en zone rurale, qui adoptent un style de vie alternatif. Comme dans les sondages précédents sur le sujet, il note aussi une proportion plus élevée de femmes parmi les partisans des médecines douces.
Le directeur du département « opinion et stratégies d’entreprise » de l’institut de sondages IFOP conclut que si dans ses analyses sur les opposants aux mesures sanitaires la presse s’est focalisée sur l’antisémitisme, les liens avec? les gilets jaunes et l’extrême droite, il ne faut pas négliger les tenants des médecines douces. Selon lui ils « représentent un vrai courant « idéologico-spirituel » et pèsent politiquement. »
(Source : L’Express, 16.08.2021)