Que penser de l’incursion des PSNC dans la prise en charge des cancers ? 

Chez les patients atteints de cancer, le recours aux PSNC semble exploser.

C’est en tout cas le constat du Dr Stéphanie Träger, oncologue et médecin de soins palliatifs à l’Institut Curie. Selon la médecin, le sujet serait de moins en moins tabou chez les patients, en particulier à cause du positionnement de certaines célébrités en faveur des PSNC.

Toutefois, ces pratiques n’ont jamais pu démontrer leur efficacité pour guérir des cancers. Et quand elles sont utilisées à la place de la médecine conventionnelle, elles font même perdre des chances de survie aux patients. Mais leur usage en complément de la médecine conventionnelle peut aussi s’avérer délétère : une étude a ainsi démontré que le recours complémentaire à des PSNC diminue l’espérance de vie des patients cancéreux, car ils seraient plus enclins à refuser les traitements proposés par leur médecin.

Certaines pratiques peuvent également s’avérer dangereuses en interagissant avec le traitement des patients : c’est par exemple le cas du millepertuis et du pamplemousse, souvent mobilisés en phytothérapie, qui peuvent impacter la chimiothérapie.

Certaines études montrent toutefois une amélioration de la qualité de vie et de certains symptômes, comme les douleurs, chez les patients ayant recours à des PSNC. Ces bénéfices ne sont probablement pas liés aux pratiques en elles-mêmes, mais au fait de recevoir un soin dans un contexte agréable, avec par exemple un praticien à l’écoute et qui octroie un temps suffisant au malade. Cette prise en charge potentialiserait les effets contextuels (liés au contexte du soin), aussi appelés… effets placebo.

Selon Bruno Falissard, professeur de santé publique, l’essor du recours aux PSNC s’explique par les déconvenues des patients vis-à-vis du système de santé : « Dans notre système de soins, il n’y a pas d’argent pour la relation médecin-malade. » Certains patients sont aussi à la recherche d’une prise en charge plus globale, face aux protocoles morcelés proposés par la médecine conventionnelle.

Heureusement, de plus en plus de centres contre le cancer proposent des soins de support qui visent à améliorer la qualité de vie du patient dans toutes ses dimensions, via des consultations avec des nutritionnistes, kinésithérapeutes, psychologues, assistants sociaux…

Cette évolution palliera peut-être l’insatisfaction des patients et évitera leur recours à des pratiques parfois dangereuses. Car certains patients en viennent ainsi à refuser les traitements médicaux au profit de protocoles proposés par des praticiens, avec une issue souvent malheureuse. 

(Source : Le Figaro Santé, 22.02.2024)

  • Auteur : Unadfi